“A propos de cette exposition, hommage à Star Wars de Cédric Delsaux, George Lucas a écrit : “Depuis des années, plusieurs artistes ont interprété mes films Star Wars d’une façon qui va bien au-delà de tout ce que nous voyons sur l’écran, l’une de ces approches, la plus unique et étonnante est celle de Cédric Delsaux qui inclut tous les personnages et leurs accessoires dans un environnement terrestre. Aussi créatrice et dérangeante qu’elles puissent être, elles sont surtout plausibles. Je suis très honoré que Cédric est amené Star Wars dans le monde de la photographie et très heureux que son travail soit devenu un livre.”
«Il y a, pour moi, un vrai plaisir à mêler ces incohérences, à tenir dans un même cadre le proche et le lointain, le rêve et le réel.
L’objectif de départ était de photographier la banlieue, là ou je vis, avec ces parkings à répétition, ces zones mixtes et souvent ternes, qui me touchent pourtant dans leur banalité, voire dans leur laideur. Comme pour le premier volet de ma “vitrine des choses”, qui s’occupait du nord rêvé de mon enfance, je n’ai nullement tenté de me greffer sur un discours politique ou sociologique. Ce qui m’importait, c’était de donner une profondeur, de rendre étrange et mystérieux ces lieux hétérogènes et trop souvent stigmatisés.
Grâce aux personnages de Star Wars, la banlieue devient le décors grandiose et affligeant –comment ne pas se croire parfois en pleine étoile noire?– d’une histoire dont elle occupe enfin le centre. Ainsi transfigurée, elle offre le spectacle d’une violence cathartique et sans enjeu. Mais pourquoi de simples personnages tirés d’une mythologie hollywoodienne arrivent-ils à en modifier notre perception?»
La série Dark Lens a été initiée il y a plus de quatre ans et s’est affiné logiquement avec le temps. Au commencement, il était question d’un personnage simple tiré de la saga Star Wars au milieu de la vie quotidienne dans un décors désuet de banlieue ou de paysage délaissé. Dès la deuxième partie, à Lille, le décors à pris plus d’importance et la série à dérivé vers autre chose à la fois réel et fantastique. C’est un autre projet, le livre Nous resterons sur Terre qui à mené Cédric Delsaux à Dubaï pour le troisième volet. Une ville idéal pour clore la série qui offre la synthèse des deux premières parties : dans une ville aussi essentiellement superlative ( le plus haut, le plus grand, le plus cher, le plus créatif, …) même les lieux les plus fous finissent par sembler presque banals. Devant tant de gigantisme, on finit par douter : tout cela est il réel? Je savais d’avance que les personnages de la galaxie Star Wars ne pouvaient que se sentir chez eux ici. La véritable question que pose cette série est celle de la fiction. Ou commence t-elle? Quelle place prend t-elle dans notre perception du réel? «J’ai une vision plus ambivalente, très néomarxiste, je vois bien ce qu’il y a d’aberrant à Dubaï, je suis fasciné par la façon qu’elle a d’étaler ses névroses et ses fantasmes sous forme de chantiers Herculéens.
«Entre les deux séries j’ai entrepris un tour du monde pour le projet Nous resterons sur Terre.
Ce voyage avait pour but d’explorer le rapport que nous, Occidentaux entretenons avec les paysages que nous avons construits, détruits, abandonnés et le dernier volet de Dark Lens est le fruit de ses recherches. Pour moi, la fiction a tout envahi : les deux premières parties emmenaient le réel dans l’imaginaire, cette fois, c’est le réel lui-même qui devient le produit de notre imaginaire. C’est plus inquiétant et c’est effectivement, un constat plus politique. Le monde nous est désormais vendu comme une fiction, c’est le fameux «storytelling», qui nous permet de tout gober dès lors qu’on nous raconte une belle histoire. Un nouveau rapport de classe s’établit : ceux qui racontent les histoires, et ceux qui les écoutent. »
Cédric Delsaux
Le livre est à paraître aux éditions Xavier Barral
Jusqu’au 2 janvier
Acte2galerie
41, rue d’Artois
75008 Paris