Photographier la nature à Hyères et dans ses alentours n’est pas une mince affaire : il s’agit d’une sur-nature, mélange à la fois luxuriant et géométrique de végétation méditerranéenne et d’adoption de plantes exotiques. Comment s’y prendre pour donner un petit goût de cet Eden aux maintes facettes qui fait partie du quotidien de tant de gens ? Cécile Bortoletti s’est promenée partout dans la région pendant une année (avec son appareil photo, à travers les saisons et les changements que chacune impose). Ce fut un pèlerinage presque ascétique, une initiation noyée dans l’inquiétude et le ravissement. La méthode Bortolettienne, faite de compilations, de superpositions et d’antithèses, ne consiste pas à essayer de déchiffrer la complexité de la nature et d’y comprendre quelque chose, ni à apprivoiser les mystères. Il s’agit au contraire de se confronter à la fois au grand tout de la nature et à chacun de ses petits détails, à rendre le côté kaléidoscopique de cette expérience. Les paysages paradisiaques et la sécheresse, les jardins magnifiés et la végétation éparse, les enchantements et les moments de désolation, les chemins ombrageux et l’impitoyable soleil, la clarté et l’embrouillement, les arbres robustes et les maladies des palmiers, la présence des hommes et des constructions dans la nature, toutes ces différentes espèces de plantes et de fleurs ne sont que quelques exemples parmi les cibles – volontaires et involontaires – de l’objectif Bortolettien, qui, éternellement avide de sérendipités, nous racontera cette histoire vécue en 2012. L’exposition sera accompagnée d’un catalogue contenant un récit de Yagos Koliopanos et d’un texte de présentation de Catherine Chevalier.
Cécile Bortoletti, vit et travaille à Paris. A la fin des années 80, elle étudie le cinéma et la photographie à l’Université de Paris VIII ou elle suit les cours de Claudine Eizykman et les séminaires de Gilles Deleuze. Elle découvre très vite la scène expérimentale artistique française, y participe activement, en devenant l’assistante du producteur de théâtre et réalisateur Marc’ O avec qui elle travaille plusieurs années. A la même époque, elle produit des films expérimentaux en super 8 et 16mm et commence aussi à travailler comme photographe. Elle participe à la création du groupe « MOLOKINO », avec Hélèna Villovitch, David TV, Agathe Gris. Le MOLOKINO organise des séances d’ «Expanded Cinema », mêlant installations filmiques et perfomances, intérogeant la relation classique entre écran et spectateur. Le MOLOKINO se produit alors dans des lieux encourageant la culture alternative, aussi bien que les principaux musées européens et institut d’art. Cécile Bortoletti est également impliquée dans la création du magazine 101, qui oppose différentes pratiques du cinéma ; du cinéma politique, aux installations et performances, du cinéma dada à l’art vidéo. Elle est répertoriée dans l’annuaire du cinéma expérimental de Nicole Brenez, Jeune, dure et pure! Une Histoire du cinéma d’avant-garde et expérimental en France, édité par la Cinémathèque Française. Dans les années 90, elle s’implique particulièrement avec une nouvelle génération de créateurs de mode et initie des collaborations avec des créateurs comme Bless, Martin Margiela, Charles Anastase, Marjan Pejovski, et l’artiste Eric Camus. Elle participe au Festival d’Hyères en 1998. Elle travaille alors quatre saisons pour Issey Miyake, réalisant toutes leurs images de campagne, homme et femme. En 2009, elle participe à l’exposition L’Univers Invisible au palais de l’UNESCO, organisée par l’Observatoire de Paris, sur le thème de la matière noire. Elle réalise des photos de nuit dans une forêt, le contact avec les sciences s’établit sur l’imaginaire qu’il accompagne, révèlant une nature « doublée d’invisible ». En 2010, elle expose à la galerie Just Jaeckin, 18 images / seconde. Conçue alors comme une minute de cinéma muet, l’exposition présente 18 images où se mêment modèles, paysages souvenirs, travaux plus personnels, souvent en surimpression, réalisées à la prise de vue, sur les dernières années. Dans son texte de présentation, Roy Genty évoque une photographie « où l’inspiraton excède l’image qui n’est que la trace manifeste d’un rituel plus secret. » A Hyères, fin 2010, elle participe à l’exposition Collections, dans laquelle sont présentées des photos réalisées pour Issey Miyake dans l’enceinte de la villa Noailles. Ses séries de mode ont été publiées dans le Purple, Dazed & Confused, M Le Monde, Lurve, Metal, Self-Service, Crash, Libé Style, Please, Sleek, Commons and Sense, Tranoi et Studio Voice, ainsi que des magazines comme ELLE, L’Officiel, L’Optimum, L’Express Styles, le quotidien NIKKEI.
EXPOSITION
BRACHFELD GALLERY
26 janvier – 23 février 2013
78 Rue des Archives
75003 Paris
France