Les ventes immobilières sont devenues un moyen de subsistance pour les gens disposant des biens de leurs parents après leur décès ou leur passage à la vie assistée. Pendant un an, le photographe Norm Diamond a visité d’innombrables ventes immobilières à Dallas, au Texas, photographiant des objets qui évoquent l’histoire culturelle américaine et qui suscitent aussi bien tristesse, humour que commentaires ironiques. Ces images sont rassemblées dans le premier livre de Diamond intitulée What is Left Behind – Stories from Estate Sales qui est publié par Daylight Books.
Comment êtes-vous venu à la photographie?
J’ai débuté la photographie quand j’étais enfant et dès mon adolescence j’ai eu une chambre noire. J’ai photographié ma famille et mes vacances pour commencer. Plus tard, durant mes études de médecine, j’ai eu peu de temps pour la photographie. Par hasard, en 1979, j’ai fait une photo de deux enfants à Paris courant devant une plaque commémorant la mort de 165 enfants durant l’Holocauste. Mes amis ont vu l’image et ont été profondément émus par elle. Elle a ensuite été acquise par plusieurs musées de l’Holocauste. Elle m’a incité à me pencher sur le pouvoir incroyable d’une image fixe.
Vous avez été radiologue. Diriez-vous que votre ancien métier a influencé la façon dont vous photographiez. Si oui, comment ?
Mon précédent métier a bien sûr influencé la façon dont je vois et la façon dont je photographie. Un jour, j’ai systématiquement scanné des centaines d’images en traitant un patient, cherchant une anomalie souvent minuscule. Pour What is Left Behind – Stories from Estate Sales, j’ai dû visionner des milliers d’articles inintéressants jusqu’à ce que je tombe sur quelque chose de spécial.
Dans les traditions anciennes, on enterrait les morts avec les biens qui les ont définis. Voyez-vous vos photographies comme dessinant un portrait de la classe moyenne américaine ?
Beaucoup de photographies reflètent mes points de vue sur l’Amérique et sa classe moyenne, en particulier l’Amérique des cinquante dernières années. L’ancien téléviseur sur la couverture, les magazines Playboy dans les images Playboy Collection et Vintage Bowling Ball me viennent à l’esprit. Ces photographies et bien d’autres dans le livre évoquent le passé.
Vous rendez-vous toujours à des ventes immobilières ? Votre perception de ce genre de ventes a-t-elle changée depuis que vous avez entrepris cette série ?
Lorsque j’ai commencé à éditer les photographies pour le livre, il y a un an, j’ai cessé de me rendre à ces ventes de biens immobiliers. Je remarque toujours des annonces pour de nombreuses ventes, certaines se produisant près de chez moi. Mais je crois que j’ai dit ce que je voulais dire avec le projet.
Vous dites que la photographe Cig Harvey a été votre mentor, quelle est son influence sur votre travail ?
Cig est une enseignante incroyable. Dans son atelier, lorsqu’elle était avec moi, elle a toujours souligné l’importance et la nécessité pour un photographe de se construire un univers. Jusqu’à ce que je la rencontre, je ne pensais qu’à ce qui faisait une bonne image, et non à la façon dont elle me parlait. Elle m’a aidé à lier les deux. Elle a également encouragé mon aptitude à provoquer une réponse émotionnelle du spectateur.
Quels sont vos prochains projets ?
J’ai beaucoup d’idées incohérentes parsemées dans mon cerveau, mais je ne me suis pas encore décidé.
Propos recueillis par Myrtille Beauvert
Norm Diamond, What is Left Behind – Stories from Estate Sales
Publié par Daylight Books
45,00 $