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Ce qui peuple nos murs

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Comment l’image s’est-elle peu à peu immiscée au sein de l’espace domestique en France ? Dans quelles mesures l’avons nous affichée sur les parois de nos pièces à vivre ? Réponses avec l’exposition présentée en ce moment au Musée de l’image à Épinal.

Ce sont des images décharnées qui demeurent sur une paroi en bois et qui, pour certaines, datent du XVII ème siècle. Des pièces exceptionnelles qui ont été découvertes en 1976 par hasard dans une maison délaissée à Bessans en Haute-Maurienne et qui ont été immédiatement conservées puis restaurées par des ethnologues de Chambéry. Elles disent à merveille comment le quidam moyen de l’époque pouvait être amené à collectionner des images et les afficher sur les murs de sa maison. C’est tout l’enjeu de cette exposition qui nous plonge dans cette pratique sociale de collecter et d’exposer des images à l’intérieur de chez soi, pratique difficile à inscrire dans l’histoire, mais que nous pouvons situer, grâce aux traces qui nous reste, autour du XVII ème siècle.

Christ en croix

Portes, intérieures d’une armoire, parois d’une chambre…toute surface est bonne pour accueillir des images. D’abord, d’où viennent-elles ? À l’époque, il existe un véritable commerce des images. Non seulement des imagiers – d’abord aux quatre coins de la France, ensuite à l’Est surtout (dont évidemment Épinal) – fabriquent des images susceptibles d’intéresser tout un chacun, mais des colporteurs vont les vendre un peu partout dans le pays. Ainsi en témoigne des illustrations de colporteurs exposées ici ou là. Ce commerce est fleurissant aussi parce qu’il parvient à créer des images à forte valeur symbolique pour les individus. La plupart, en effet, sont alors des images religieuses. Du XVIIème au XIXème siècle, elles sont prédominantes dans les intérieurs des gens. On affiche un dessin d’une vierge à l’enfant, d’un Christ en croix, d’un Saint marquant.

Napoléon Ier

Ces images ont une fonction particulière : elles visent à protéger l’occupant de la maison qui les placent sur ses murs. Elles sont aussi le témoignage de la ferveur religieuse de l’époque et du besoin de déclarer sa foi en société. Mais elles ont également une fonction décorative. Avec leurs couleurs chatoyantes, comme par exemple des roses prononcés, elles habillent parfaitement l’intérieur d’une maison. Nous pouvons les voir sur de nombreuses peintures représentant l’habitacle d’une chaumière avec leurs habitants comme sur la toile « Intérieur breton » de Jean- Marie Villard en 1870. Certains se prennent aussi d’affection pour Napoléon Ier et lui voue un culte proche de celui qu’on ferait pour un dieu, ce qu’on peut voir sur certaines illustrations. Ces couleurs prononcés sur ces images vont même aller inspirer les peintres de Pont-Aven, en particulier Émile Bernard et Paul Gauguin qui cherchent de nouveaux motifs, notamment à travers les estampes japonaises, mais aussi, donc, les images populaires.

L’abbé Pierre

Si ces images plutôt anciennes sont le cœur battant de l’exposition, le musée a néanmoins fait un clin d’œil à notre époque contemporaine avec une série de photographies de Sabine Weiss. La photographe connue pour être dans le courant dit « humaniste » a fixé l’image d’individus chez eux et nous pouvons voir quelles sortes d’images ils affichent sur leurs murs. Cet adolescent qui place des affiches de sport, cet homme qui s’est fait un petit décor de cartes postales devant son bureau ou encore l’abbé Pierre qui place sur les parois de sa chambre des images pieuses. Une révélation de l’atmosphère si particulière qui imprègne chaque univers individuel et qui le doit, aussi, à cet agencement des images sur les murs.

Jean-Baptiste Gauvin

 

Images sur les murs
Jusqu’au 29 septembre
42 Quai de Dogneville
88000 Épinal
http://www.museedelimage.fr/

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