Elle s’appelle Nancy Farese. Elle est américaine et photographe. Elle a créé une fondation appelée Catchlight, qui est très axée sur la photographie sociale et engagée. L’Œil de la Photographie explore son approche et ses activités en lui consacrant aujourd’hui cette tribune.
En ce moment, il est essential et urgent de travailler dans le domaine artistique. La photographie n’a jamais été plus omniprésente, ni plus utile en tant qu’outil social permettant d’atteindre des régions et des langues différentes. Dépassant peut-être la référence à la lumière et à l’écriture, le médium lui-même évolue pour devenir quelque chose que nous ne pouvons pas encore comprendre. Le paysage environnant se déplace et se reconstitue autour de nouvelles plateformes, de nouveaux comportements, de nouvelles technologies. Pourtant, le tissu conjonctif de la narration n’a jamais été aussi nécessaire, et les histoires que nous partageons, que ce soit dans un flash de Snapchat ou un film documentaire profondément immersif, sont largement visuelles. Je crois qu’il n’y a jamais eu de meilleur moment pour utiliser le pouvoir de la photographie et la connectivité de la narration pour unir notre monde grâce à l’empathie et la compassion.
Au cours des dix dernières années, j’ai voyagé en tant que photographe documentaire, en créant des reportages pour des organismes à but non lucratif tels que CARE.org, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, Mercy Corps et le Carter Center. En 2008, lors d’une séance photo avec l’International Rescue Committee au camp de réfugiés de Kakuma au Kenya, j’ai été impressionnée par l’efficacité, la dignité et la compassion de ceux qui travaillaient là. Je ne pouvais pas construire de latrines ou nourrir des milliers de personnes, mais je pouvais quand même jouer un rôle essentiel en amplifiant les moyens de diffusion de la photographie pour mieux transmettre leurs histoires.
J’ai créé les «PhotoPhilanthropy Activist Awards» pour récompenser l’excellence de la photographie liée aux organisms sociaux, partout dans le monde. En cinq ans, nous avons amplifié le travail de centaines de photographes photographiant dans 88 pays en collaboration avec plus de quatre cent organisms sociaux.
PhotoPhilanthropy a depuis évolué pour devenir CatchLight, et notre organisation est dédiée à l’accélération de l’impact social de la narration visuelle. Nous reconnaissons le fait très réel que les questions sociales sont difficiles: l’art est nécessaire pour trier le fouillis visuel et lutter contre la simplification à outrance du monde nuancé où nous vivons. Notre mission s’exprime à travers une série de bourses, de programmes et d’expositions. Nous recherchons des partenariats qui nous permettent d’atteindre de nouveaux publics et de développer des formes de distribution innovantes.
CatchLight agit comme un incubateur pour les meilleurs représentants d’une nouvelle race de narrateurs; nous leur donnons des ressources, des réseaux et le soutien des responsables pour amplifier leurs histoires. La bourse CatchLight reconnaît chaque année trois personnes qui font preuve d’excellence artistique, de contenu social et d’un potentiel de leadership créatif. Nous leur donnons des ressources pour augmenter leurs possibilités et atteindre de nouveaux publics.
Nommés en avril 2017, nos premiers boursiers sont Sarah Blesener, Tomas van Houtryve et Brian Frank. Chacune a été associé avec un partenaire médiatique – Le Centre Pulitzer, Le Centre pour le Reportage d’enquête (Center for Investigative Reporting | REVEAL) et le Projet Marshall. Ensemble, les boursiers et leurs partenaires innovent dans le domaine de la photographie pour le bien social.
En 2018, une bourse CatchLight de 30 000$ sera à nouveau attribuée à trois leaders créatifs. La bourse est ouverte aux professionnels de tout âge et de tout pays qui ont fait leurs preuves dans le domaine de la narration visuelle et de l’engagement pour le changement social. Les candidats peuvent travailler dans un large éventail de formats visuels, dont la photographie, la vidéo, l’audio, le film ou la réalité virtuelle. Les demandes pourront être déposées à catchlight.io le 1er janvier 2018 et la date limite pour les soumissions est le 31 janvier.
Le nouveau programme de CatchLight, Everyday BayArea, est basé sur un flux Instagram. Nous utilisons de nouveaux outils médiatiques pour voir et comprendre la communauté de San Francisco Bay à travers les identités, les données démographiques et géographiques, et encourageons une grande variété de nouvelles perspectives de photographie pour d´écrire en profondeur ceux qui vivent leur version du rêve californien. En partenariat avec CalMatters et KQED, nous espérons raconter une histoire plus complète de la vie quotidiennet en Californie.
L’engagement en direct est vital pour notre mission. Ainsi, en 2018, nous organiserons une série d’expositions, de médias et de dialogues publics, en utilisant des images pour créer des liens autour des questions sociales et identitaires.
Nous sommes à un moment de défi et d’opportunité profonde, et je pense à l’appel de Teddy Roosevelt à reconnaître les gens qui «descendent dans l’arène» et relèvent les grands défis de notre temps. C’est ce que nous faisons à CatchLight; nous aidons des personnes courageuses, talentueuses et intègres à relever les grands défis sociaux de notre temps.
Je suis inspirée tous les jours.
Nancy Farese
Nancy Richards Farese est la fondatrice et présidente du conseil d’administration de PhotoPhilanthropy, un organisme à but non lucratif basé à San Francisco qui récompense et promeut le travail des photographes du monde entier qui travaillent à l’échelle mondiale avec des organisations communautaires en utilisant la narration visuelle pour explorer les problèmes les plus critiques de notre temps. Nancy Farese est également une photographe documentaire connue pour ses images évocatrices et dignes d’oeuvres à but non lucratif.
Plus d’informations sur www.catchlight.io.