QUETICO
Nous avions un chirurgien dans les deux canoës. L’un d’eux apportait son assurance et sa précision à l’ouverture et au nettoyage méticuleux du doré jaune, du bar à petite bouche et du brochet que nous avons pêchés en cinq jours. Mais alors que nous plongions nos pagaies dans le lac avec une répétition rythmique, le chirurgien derrière moi gardait le temps, comptait les battements – comme s’il prenait un pouls.
«Vingt mille», annonça-t-il avec autorité. Pour terminer la traversée de 80 kilomètres du parc provincial Quetico dans le nord-ouest de l’Ontario, il faudrait 20 000 coups de chacun de nous.
Mais ni le compte des jours, des coups de pagaies, ni les kilomètres parcourus en canoë-portage ne pourraient fournir une évaluation précise et fiable du voyage que nous avons tous les quatre entrepris. Nous avons débattu et tracé notre route à travers un tronçon isolé du Bouclier canadien sur la carte. Nous avons à tour de rôle gribouillé des missives dans le journal de bord du capitaine. Nous avons utilisé nos appareils photo pour tenter de saisir l’expérience de cette tradition canadienne intemporelle qui consiste à se lancer dans la nature avec un canoë, quelques provisions et le désir de se connecter à quelque chose de plus grand qu’Internet.
Ce qui suit est ma tentative.
Casey Kelbaugh