L’Œil de la Photographie ouvre ce nouveau chapitre des « Cartes Blanches » avec le soutien MPB. Chaque mois, un photographe français donnera à voir une série inédite réalisée avec du matériel prêté par la plateforme internationale d’achat, revente et échange de matériel photographique.
Après la quête d’identité et d’intimité d’Anaïs Kugel , ce nouveau chapitre poursuit l’exploration de l’autoportrait comme de ses possibles sous le regard de Diane Givry. Cet « éternel retour du même » lui permet une étude, un examen sinon un jeu avec soi aussi vertigineux qu’élégant.
Diane Givry – Autoportraits choisis
« Le point de départ de cette série d’images est le choix du matériel. Habituée à travailler avec des boîtiers argentiques magnifiques mais techniquement rigides (un Rolleicord et une Toyo 4×5 pour le grand format), je souhaitais emprunter un boîtier d’une grande souplesse, me permettant de réaliser des autoportraits avec une autre approche. Je suis ravie des possibilités qui m’ont été offertes par ce Leica Q2 Monochrome, sa simplicité, son très grand angle (qui m’a permis de m’approcher très près de mon reflet !) et son noir et blanc fabuleux.
Je fais des autoportraits depuis quelques années maintenant et je souhaitais montrer ici, comme un aperçu d’une pratique plus générale, une nouvelle déclinaison. Ces autoportraits constituent en effet une infinité de variations sur le même thème : c’est l’éternel retour du même (du même-moi !), dans des espaces, des temporalités et des mises en scènes différentes. C’est pourquoi j’intitule cette série sobrement : « Autoportraits choisis ».
Reflets, miroirs cadres, fenêtres ou œil de l’appareil photo sont autant de media pour parler de ces autoportraits. Je me présente sous différentes facettes, parfois comme une ombre, ne laissant voir qu’un bras, une main, une partie de visage, un corps délié, avec des déformations volontaires ou non, réalité à recomposer. Ce que j’aime dans l’autoportrait, c’est la maîtrise totale qu’a le photographe sur ses images et son image. Il est modèle, photographe et décideur. Les autoportraits, sauf choix contraire, sont toujours sciemment pensés et sélectionnés. Le spectateur ne voit finalement que ce que le photographe a doublement décidé de montrer : par le choix de l’image, et par l’attitude et la mise en scène prévues. Tout est de toutes façons représentation, et vous voyez ici une bribe de ce théâtre. »
Diane Givry
Née en 1991, Diane Givry vit et travaille en Haute-Savoie (France). Sa pratique photographique repose entièrement sur l’argentique et tisse un regard, au fil de ses séries, sur le corps, principalement féminin. Elle se forme à la photographie en autodidacte comme au contact de ses pairs. Elle est également spécialisée dans la photographie d’objets d’art et patrimoniaux, ce qui témoigne dans sa pratique d’une attention appuyée aux mises en scène.
Ses autoportraits dévoilent une esthétique sobre, une relation avec l’appareil photographique comme avec sa propre image faite de suggestions, de fragments, de visible et de suggéré. Son œuvre marque des mises en scène particulièrement soignées, appuyant les clairs-obscurs, les pénombres, les gris et trouées de lumières. La présence de l’appareil photographique rappelle une tradition de l’autoportrait propre à Ilse Bing, Ergy Landau et son esthétique jouant des miroirs et de son environnement immédiat, souvent épurés à quelques objets, la renvoie à Francesca Woodman.
Si toute comparaison avec des paires s’avère toujours vaine, parce qu’innombrable et sans fin, la série « Autoportraits choisis » de Diane Givry témoigne d’une imagination poétique dans l’utilisation de son propre corps, une éternelle continuation des possibles de sa propre figuration.
L’artiste comme L’Œil de la Photographie remercie chaleureusement la plateforme de revente de matériel photographique MPB pour son soutien.
La rubrique « Carte Blanche » ne pourrait se faire sans leur concours.
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