Carlo Mollino est connu comme architecte et designer, c’était aussi un écrivain, un photographe, un pilote de course et un skieur alpin.
Il semble avoir été un artiste universel, aux multiples talents, vivant plusieurs vies pour pouvoir assouvir toutes ses ambitions et obsessions.
Comme architecte, il dessina des intérieurs de villa, un club équestre, le Teatro Regio de Turin, des stations de ski et des chalets alpins. Le style qu’il employait pour dessiner intérieurs et mobilier pourrait être qualifié de « surréalisme dépouillé », style pour lequel les collectionneurs sont prêts aujourd’hui à payer des fortunes.
Et sa vie privée était également très intense. Son obsession la plus personnelle a été découverte après sa mort, sous la forme de Polaroid de ses petites amies, de prostituées et d’autres femmes séduites entre les murs de sa résidence turinoise. De 1962 à sa mort en 1973, des beautés de la vie nocturne de Turin ont posé pour lui.
En 1962, Mollino commença d’employer des Polaroid pour faire ces clichés, en réalisant quelques 1300 avant sa mort.
Le livre Carlo Mollino : Un Messaggio dalla Camera Oscura (Carlo Mollino : Un message de la chambre noire) révèle une nouvelle facette de cet homme à travers les productions issues de sa passion pour le portrait.
Les photos étaient préparées avec minutie, il ne laissait rien au hasard. Il préparait ses scènes dans des cadres minimalistes, les modèles se vêtaient et se dévêtaient partiellement de costumes, d’accessoires et de perruques que Mollino achetaient lors de ses voyages en France ou en Asie du sud-est, et posaient avec en toiles de fond des draperies, des paravents, et des sculptures. Les modèles semblent plus sculpturaux que pornographiques et sont à l’unisson des opulents intérieurs et décors des appartements privés de Mollino à Turin, la Villa Zaira, qui deviennent des éléments cruciaux de ses compositions.
Le caractère austère de celles-ci et les poses esthétiques des corps féminins appellent des parallèles clairs entre objet et forme, nature et artifice, formes humaine et architecturale.
Un Messaggio dalla Camera Oscura a été publié pour la première fois en Italie en 1949 par les éditions Chiantore. C’était comme une histoire de la photographie, un essai lucide sur la nature artistique de celle-ci, enrichi par sa propre pratique commencée en 1960 des portraits féminins, entrant en résonance avec la photographie classique de studio, pour se tourner ensuite vers le médium photographique le plus avancé de cette époque, le Polaroid.
Le livre apporte une lumière sur l’ambivalence, le travail multiforme et la personne de Carlo Mollino. Dans ses Polaroid et concernant les mystères de la vie, les intentions artistiques de Carlo Mollino se font parfaitement claires ; son travail et sa vie expriment la combinaison harmonieuse de la science et de l’art.
Ce travail manifeste son point de vue intellectuel et artistique qui peut se résumer selon sa célèbre maxime : « Tout est permis, du moment que c’est fantastique. »
Emiliana Tedesco
Carlo Mollino: Un Messaggio dalla Camera Oscura
Edité par Gerald A. Matt. Textes de Napoleone Ferrari, Lucas Gehrmann, Gerald A. Matt.
MODERNE KUNST NüRNBERG
220 pages
30 euros
éditions allemande et anglaise