Hymnes à la nuit
Lorsque la nuit se sera emparée de nos souvenirs, il ne nous restera plus que nos mains pour la fouiller, et un goût obscur sur les lèvres de celles qui l’auront goûtée.
Lorsque nous aurons égaré notre mémoire – à l’heure où les portes sont closes, la lune pâle, le blé incliné dans le soir – il ne nous restera plus qu’à sillonner la campagne en quête des vestiges de notre enfance.
Lorsque la nuit aura jeté son ombre sur notre histoire, nous arpenterons ses sentiers, retournerons sa terre, et trouverons, sans doute, enfouies dans le silence nocturne, les graines germées de notre passé.
Alors nous parviendra, peut-être, cet air oublié, paroles de nos ancêtres, dont le souvenir hante nos contrées sauvages – ces âmes fugitives, ces silhouettes évanescentes, qui souvent surgissent le soir pour s’évanouir à l’aube, emportant avec elles un ultime au revoir.
texte de l’autrice Fanny Charrasse sur la série