La galerie Caméra Obscura présente une retrospective de Bernard Descamps. Son directeur Didier Brousse nous a donné ce texte :
La photographie est une sorte d’alambic qui, dans ses chambres de transformation successives (l’œil, l’appareil photographique, la chambre noire), va extraire la substance du flux d’images qui nous traverse à chaque seconde et leur donner sens et présence.
Elle est une essence du regard, lentement distillée.
La matière qui l’alimente est évidemment primordiale, mais le résultat final tient évidemment au travail de l’alambic, au style élaboré au fil du temps par l’artiste.
Bernard Descamps est certes un photographe voyageur, attaché à parcourir le monde pour y trouver, sous différents cieux, ses sujets, mais il dénie toute volonté documentaire : “Je réalise des images qui ne racontent rien… je ne voyage que pour me rencontrer, pour trouver mes images, celles qui sont en moi et que j’essaie inlassablement de faire apparaître”.
Si la photographie de Bernard Descamps, selon son credo, ne nous raconte pas d’histoires, elle ne peut échapper à sa qualité première de trace, d’indice : elle parle des lieux traversés, des personnages rencontrés et c’est cette richesse de sens, sous-jacente à la forme et associée à elle, qui constitue la force de cette œuvre.
Son travail sur le fleuve Niger, sur la forêt des pygmées, sur l’Atlas marocain, sur les lieux sacrés en Inde, restent comme des rencontres intimes, des évocations quasi littéraires (combien de possibilités de romans dans ces images !) qui nous habitent et nourrissent à la fois l’imaginaire et la connaissance.
L’œuvre de Bernard Descamps est, me semble-t-il, en équilibre très juste entre ces deux cordes que la photographie fait vibrer en nous : celle du plaisir visuel et celle de notre imagination.
Forme et ouverture au monde en sont les deux piliers.
Didier Brousse
Bernard Descamps : Essentiel
Jusqu’au 27 mai 2023
Galerie Caméra Obscura
268 Boulevard Raspail
75014 Paris
01 45 45 67 08
www.galeriecameraobscura.fr