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By the River of Kings : la Thaïlande vue par Jacob Aue Sobol

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Le Chao Phraya nourrit la Thaïlande de son essence vitale. Né de la confluence des rivières Ping et Nan, il poursuit vers le sud jusqu’à la capitale. Ces images du photographe danois Jacob Aue Sobol sont le reflet de ce qu’il a vu et des rencontres qu’il a faites à Bangkok, sur les berges du « fleuve des rois ». Pris en noir et blanc, ruelles, habitants et lumières se découvrent à travers le filtre des contrastes si particuliers à Sobol. Son approche des gens est unique et sa quête de la beauté se traduit par des compositions inimitables, qui alternent entre le grotesque et l’excessif, ou le pervers et l’enfantin, avec une constante recherche de l’amour comme fil directeur. Diego Alonso, son galeriste de Madrid, nous livre ici ses réflexions sur ce travail.

La photographie en noir et blanc a bousculé le monde de la vérité et défini une réalité parallèle qui dépasse l’entendement. Nous avons absorbé des informations provenant d’un média supposé proche de la vie réelle, mais qui s’en éloigne énormément – il s’agit plutôt d’un univers hallucinatoire. À quel moment nos rêves et notre imaginaire ont-ils été privés de couleur ? Quand notre inconscient collectif a-t-il été imprimé en noir et blanc ?

Depuis ses débuts vers le milieu du xixe siècle, la photographie a été un outil pour aider à un développement socioéconomique contrôlé, et nous guider vers ce que nous comprenons aujourd’hui comme « commun » ou « ordinaire ».

Avant l’époque où nous avons appris à imprimer une présence ou une personnalité sur pellicule ou papier – sans même parler d’une image en mouvement – ces concepts de « commun » ou « d’ordinaire » n’existaient pas. Personne ne prêtait la moindre attention à l’apparence des autres, de l’Autre.

De nos jours, nous nous focalisons sur une individualité façonnée et cajolée par la mode, l’image et l’esthétique, et dénuée d’humanité, de sensibilité et d’amour. Dans notre quête d’existence individuelle, c’est là que l’évolution nous a amenés : dans ce monde dominé par les divinités de la technologie et de la science, au sein duquel la religion a été abandonnée, oubliée. Il n’existe plus de règles de contrôle, plus d’ordre. Il ne reste plus que l’argent – qui a toujours été là, mais qui, aujourd’hui, balaye tout sur son passage, tel un tsunami qui cherche frénétiquement à vendre ce dont personne ne veut, dans un marché inventé de toute pièces, vide de biens et de signification.

Nous voyageons loin, sans voir l’humain. En essayant de trouver une différence qui nous chouchoute, qui nous permette de nous sentir bien à l’aise dans notre fange. « L’autre » ainsi créé n’est pourtant fait que de lumière, d’argent et de papier. L’humanité est là, dans les rues qui semblent différentes des nôtres mais sont en réalité si semblables. Dans les fleuves dont l’énergie fait écho à celle qui coule quelque part dans nos veines, mais que nous refusons de voir. Dans l’ordre des choses, qui semble différent du nôtre et donc distant, mais qui s’en rapproche, jusqu’au cœur de notre vie quotidienne et familiale. Sommes-nous capables de changer ceci ? De nous éloigner de nos conventions pour accepter un ruisseau différent, une source différente, un fleuve différent ?

C’est là le défi, la vocation, la quête qui nous attend devant ces œuvres. Elles nous apportent une vision, celle d’un monde bien présent, qui attend de nous que nous l’acceptions, que nous le reconnaissions comme partie intégrante de notre vie.

 

Diego Alonso

Diego Alonso dirige la Mondo Galeria de Madrid, Espagne.

 

Jacob Aue Sobol, By the River of Kings
17 février – 30 mars 2018
Mondo Galeria
Travesía Belén, 2
28004 Madrid
Espagne

www.mondogaleria.com

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