« Avant la guerre, notre vie était agréable, nous avions quatre petites filles. J’ai appris les travaux de ferme quand j’étais une jeune fille en Somalie. Nous avons été séparés quand la guerre a atteint notre maison, la maison où mes parents ont été tués. Nous avons commencé à courir, et les filles les plus âgées fuyaient par leurs propres moyens. C’était trop dangereux pour moi de revenir en arrière. Les balles volaient autour de nous. J’avais peur de perdre les deux enfants que j’avais dans mes bras, Dieu me vienne en aide. J’ai réussi à les faire sortir tous les deux de Somalie… » Arbai Barre Abdi, 2004.
Ces images sont des aperçus des moments que j’ai passé avec Arbai et sa famille ces huit dernières années. Nous nous sommes rencontrés pour la première fois à l’aéroport d’Atlanta, quand elle et ses quatre enfants sont arrivés aux États-Unis. Jusque là, Arbai et sa famille vivaient dans un camp de réfugiés au Kenya.
C’est difficile de mettre en mots la relation qui s’est développée durant toutes ces années. Elle dépasse certainement celle entre un photographe et son sujet. Ils sont devenus des membres de ma famille et je fais également partie de la leur. Arbai a eu trois nouvelles filles depuis son arrivée aux États-Unis en 2004. La plus jeune, Medina, est née en décembre 2011. La fille d’Arbai, Khadija, qui avait dix-huit ans quand elle est arrivée, a maintenant quatre enfants, le plus jeune est né en novembre 2011. Regarder ces enfants grandir et pouvoir faire des portraits d’eux chaque année est devenu le projet de toute une vie qui a changé mon existence d’une manière que je n’aurais jamais pu imaginer. Voici notre histoire jusqu’ici.
Bryan Meltz, 2011 FotoVisura Grant Finalist