Qu’est ce qu’une photographie ouvre ? Que devient entre autres le mot créer quand la nudité du portrait l’ouvre, c’est-à-dire l’agrandit, le caresse ? En quel sens l’« image» peut-elle être mise à nu ? Ce sont là les questions posées par Jacqueline Devreux dont les œuvres créent une sidération absolue parce que fractale mais sans provocation. Elles rattachent la nudité à l’exhibition mais font beaucoup plus : elles offrent un pas au-delà. Le mot « photographie » est mis à nu tant ce que crée l’artiste belge est dépourvu de ce qui à l’ordinaire lui sert d’accompagnement dans l’épreuve de la nudité. A l’admiration complice fait place la réflexion.
La nudité s’oppose au dévoilement, le dévoilement à la nudité. Reste l’exhibition fiévreuse du langage photographique. Jouant – pour la galerie et parfois prêtresse « démoniaque » – l’artiste telle la Madame Edwarda de Bataille intime un ordre au voyeur : « tu dois regarder, regarde. » Mais il ne faut pas se tromper : les œuvres sont une invitation à nous dévisager et à nous déchiffrer. Toutefois l’œuvre ne cherche pas la communication d’un secret mais la communion dans le secret de l’incommunicable. L’œuvre met en scène l’intime pour qu’il résonne d’un écho collectif. En ce sens l’artiste reste fidèle à ce que Valéry écrivait dans « Littérature » : « le meilleur ouvrage est celui qui garde son secret le plus longtemps ».
EXPOSITION
« J’aurai ta peau »
Jacqueline Devreux
Du 16 avril au 4 mai 2016
Galerie Pierre Hallet
Rue Ernest Allard 33
1000 Bruxelles
Belgique
https://www.galeriepierrehallet.com
http://www.jacquelinedevreux.be