Tata city
Tata Stadium, Tata Football Academy, Tata Amusement Park, Tata Center For Excellence, Tata School… A Jamshedpur, siège historique du plus grand groupe industriel indien, tout semble “Tata branded”. On y roule en Tata motor, on boit du Tata thé, on passe ses soirées devant la télévision satellite de Tata Indicom et on vénère Jamsetji Tata fondateur de la ville comme un énième dieu du panthéon hindou.
Les origines de ce géant indien de l’industrie remontent à la fin du 19e siècle lorsque Jamsetji, riche entrepreneur du Gujarat, décida de créer une gigantesque usine sidérurgique à proximité de Calcutta. Nationaliste et visionnaire, Jamsetji planifia dans les moindres détails le développement de la ville ouvrière qui devait naître à proximité des usines. Journées de 8 heures de travail, logements et soins de santé gratuits, prise en charge des loisirs des ouvriers… Le paternalisme à l’indienne était né.
Un siècle plus tard, Jamshedpur reste toujours une des plus grandes fiertés du groupe qui la présente comme le meilleur exemple de sa politique efficace de responsabilité sociale. Toutes les infrastructures, les loisirs et une bonne partie du système éducatif sont gérés par une filiale du groupe qui comble les manques de l’État. Ils sont plus d’un million à vivre dans cette ville entièrement privatisée ou la qualité de vie est indéniablement meilleure que dans beaucoup d’autres zones urbaines du pays. Revers de la médaille, la culture d’entreprise s’apparente trop souvent à Jamshedpur à un système de pensée unique.
Ce modèle de développement urbain semble néanmoins atteindre ses limites. La ville éprouve des difficultés à faire face à l’explosion de la démographie. L’exode rural s’intensifie et des bidonvilles apparaissent petit à petit dans la banlieue de Jamshedpur.
Thomas Van Den Driessche
Né à Leuven le 11.10.1979
Réside à Bruxelles
Fait partie du collectif “Out of Focus”