• Monmousseau, 2 automnes et 3 étés
Photographies de Jean-Christophe Bardot et Eric Facon / le bar Floréal
« Deux automnes et trois étés. Chronique d’un temps singulier où le quartier Pierre Sémard, à Saint Denis, écrit un nouveau chapitre de son histoire. Récit d’une page qui se tourne au 8-10-12 rue Monmousseau. Trois années écoulées au rythme des déménagements et du relogement de ses habitants, avant que ne disparaisse la longue silhouette familière du bâtiment, un demi-siècle après sa construction. L’histoire urbaine bégaye parfois, remarqueront malicieusement les vieux Dionysiens, qui se souviennent encore que la longue parcelle étirée, proche de la voie ferrée, était aussi le produit d’un bouleversement urbain, avant de devenir le village Sémard. Au tout début des années 1960, l’autoroute A1 est en train de se creuser une place au cœur de la Plaine Saint-Denis, impliquant une vaste opération de relogement…
En invitant les photographes du bar Floréal à rejoindre le projet de rénovation urbaine, au début de l’année 2007, Plaine Commune Habitat les convie au cœur d’une traversée au long cours dans laquelle une grande partie du quartier est embarquée. Les 150 familles du 8 – 10 – 12 Monmousseau, promis à la démolition, quittent une à une les lieux et rejoindront pour certaines les logements neufs, fraichement construits à deux pas de là, sur l’îlot Pottier-Timbaud. Le temps s’écoule au rythme d’un quotidien en chantier. Petit à petit, les habitants ouvrent leur porte aux photographes, partageant avec eux le secret de ce temps bouleversé.
Une étape difficile, imposée…
S’ébauche le récit des vies en transformation. L’intensité d’un dernier regard, accoudé au balcon, avant de laisser derrière soi l’appartement, et une partie de son passé. Les premiers pas intimidés dans un logement tout juste sorti de terre. La chaleur du carnaval réunissant le voisinage. Les objets et les lieux racontent, eux aussi, une partie de l’histoire. Objets emballés, meubles démontés, en attente, ou pris dans le ballet étourdissant du déménagement. Dans l’appartement vide, le papier peint vieilli livre avec délicatesse l’empreinte d’une histoire familiale ; et la blancheur éclatante des murs du logement non encore investi suggère qu’un autre fragment de vie est sur le point de se tisser. » Véronique Petit
• Un hiver
Photographies de Jean-Christophe Bardot / le bar Floréal
Le 8-10-12 Monmousseau s’est vidé de ses dernières familles. Elles ont été relogées en ville ou à quelques rues de là, par le bailleur, dans des logements flambant neufs – ilôt Pottier Timbaud.
La barre de 10 étages, construite par André Lurçat il y a plus de quarante ans, attend sa dernière heure.
Ultime étape d’une opération de rénovation urbaine débutée en 2007, les 150 appartements seront méthodiquement désossés par une poignée de démonteurs. Le temps d’un hiver, ils préparent le grignotage du squelette mis à nu. Dernier état des lieux avant démolition.
Jean-Christophe Bardot
Né à Paris le 15.12.1963
Réside à Fontenay le Fleury
Fait partie du collectif “le bar Floréal”
Eric Facon
Né à Pantin en 1967
Fait partie du collectif “le bar Floréal”
