Rechercher un article

Bruno Dayan

Preview

Derniers jours pour voir l’exposition “A corps perdu” de Bruno Dayan chez Elephant Paname à Paris. C’est un voyage dans le sublime et la sensualité qui nous est proposé, un voyage au coeur du féminin. Le corps de la femme est l‘origine, le reste du monde s’ordonne dans une narration extraordinaire autour de lui de lui et, possédé par la couleur, transcendé par la lumière il nous livre un conte mystérieux et envoûtant. Photographe de mode et réalisateur, son travail excite le name dropping : Dior, Moschino, Vuitton, Saint-Laurent. Bruno Dayan a signé pour ces marques des campagnes qui ne ressemblent qu’à lui, et qui disent son obsession pour l’Art. A Corps perdu est sa première exposition personnelle.

D’où vient votre photographie ?
B. Dayan:
“Ma photographie vient de toutes les références picturales et cinématographiques accumulées au cours des années et ce, depuis mon plus jeune âge. Je me rappelle avoir lu toutes les bandes dessinées de ma grande sœur avant même de savoir… lire, ce que beaucoup ont dû faire j’imagine, mais peut être moins nombreux ceux qui comme moi continuent de décrypter les images en ignorant les textes !
Ayant suivi simultanément des études de Beaux Arts et de Cinéma à Montréal, il m’arrivait régulièrement d’avoir dans une même journée des cours d ‘histoire de l’art et de cinéma, et le même soir de me retrouver à la Cinémathèque ou dans une salle de montage à visionner un Orson Welles ou un Stan Brakhage, dont je repassais en boucle des scènes que j’aimais. A cette époque , il n’était pas rare que je vois plus de quatre ou cinq films par jour.
Tout cela fut emmagasiné en vrac dans ma tête sans classification ni rangement aucun, mais au bout du compte, je m’aperçois qu’il y a une permanence de la sensibilité car j’ai toujours plus ou moins été attiré par les mêmes images et certaines images reçurent inconsciemment et petit à petit de ma mémoire un traitement de faveur pour le développement de ma sensibilité artistique.
De même, lors de ma deuxième année d’études j’ai réalisé un court métrage « Vie D’ Eau », qui m’a valu d’aller au Festival de Cannes cette même année, et je suis persuadé que j’aurais pu réalisé certaines images aujourd’hui car même si l’on évolue techniquement, la base de la sensibilité est là depuis le début. J’aime travailler sur des photos esthétiquement « belles » mais dans lesquelles il y a un toujours une connotation un peu mystérieuse ou dramatique.
Comme David Lynch ou Le Caravage, pour citer deux artistes que j’apprécie particulièrement, je trouve que le beau est encore plus beau lorsqu’il est sombre, ambigu, inquiétant même. J’aime ainsi suggérer les peurs et les angoisses qui coexistent dans l’univers naïf et pur de l’enfance comme dans les contes. Il y a des idées d’images récurrentes que j’ai toujours aimé retravailler comme par exemple dans « Soupirs » où des papillons s’échappent de la bouche du personnage comme ces vieux clichés sur le spiritisme, ou encore « Nuit Ecarlate » où les ombres de branches semblent dessiner des veines ou des blessures sur la peau et que j’ai déjà réalisé mais différemment.
Le rêve est le thème de départ que j’ai choisi pour cette exposition, il était donc d’autant plus justifié d’évoquer le coté irrationnel et obscur de celui-ci. La nuit, la frontière entre le cauchemar et le rêve n’étant pas toujours bien définie. C’est pour cela que la plupart des photos de l’exposition sont sur fond sombre ou même parfaitement noir, pour évoquer le coté obscur du rêve mais aussi son coté théâtral. J’aime bien que l’on ne sache pas trop si l’action se déroule dans un décor, en studio, ou en extérieur, si elle appartient au réel ou à l’imaginaire. Le lieu d’exposition, Elephant Paname, est un lieu magnifique et mystérieux. Ancien hôtel particulier de l’Ambassadeur de Russie sous Napoléon III avec toutes ses vieilles moulures et ses médaillons, il participe à l’ambiance nostalgique, féerique et hors du temps des photographies. J‘entretiens cette ambiguïté également d’un point de vu purement technique.
Nombreux sont ceux qui me demandent quelle est la part de post production numérique dans mes photos et s’imaginent que beaucoup des effets de lumières sont crées en retouche. En fait, presque tout est réalisé à la prise de vue et les effets visuels sont avant tout un travail d’éclairage et de camera. C’est ce qui donne cet aspect un peu traditionnel et authentique aux photos, à une époque où l’œil s’habitue de plus en plus aux photos lourdement retravaillées en post production.
C’est aussi la raison pour laquelle j’ai choisi de tirer les photos de cette exposition sur du papier Arches, donc non brillant, avec bordures, et non contrecollées, car je voulais qu’elles aient l’air de tirages photos et non d’écrans ipads.”

Bruno Dayan est né à Londres (Grande Bretagne), a grandi à Montréal où il a fait des études de Beaux Arts et Cinéma. Il commence sa carriere de photographe à Toronto où il devient très vite le photographe de mode le plus en vue. Au sommet de son succès, il quitte tout pour partir voyager en Asie et s’installe finalement à Tokyo où il vivra onze ans. Là bas, il revient à sa première passion, le cinéma, et réalise des clips pour de nombreux musiciens japonais ainsi que quelques films publicitaires en parallèle de sa carrière de photographe de mode. En 1998, il vient vivre en France et signe pour Louis Vuitton la désormais campagne culte des Sept Péchés Capitaux. Depuis, il réalise des images pour les plus grandes marques telles que Dior, Yves Saint Laurent, Moschino, Céline, Christian Lacroix, L’Oréal, Chantal Thomas, etc. et travaille pour des parutions tels que Vogue, Numéro, Harper’s Bazaar, Elle, Vanity Fair, Glamour, etc.
Il est basé en France et partage son temps entre Paris et New York.

Propos recueillis par Séverine Morel 

REPRESENTATION
SERLIN ASSOCIATES
Paris-New York-London
www.serlinassociates.com

EXPOSITION
ELEPHANT PANAME
Jusqu’au 3 mai 2013
10 rue de Volney
75002 Paris
http://www.elephantpaname.com

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android