En plus de ses portraiturés ravis dans la rue, Bruce Wrighton s’est essayé à saisir leur environnement, pourrait-on dire. Non par esprit de rapprochement, mais pour signifier qu’il avait certes le goût des autres, mais qu’il ne se limitait pas au corps à corps. Voitures, intérieurs de maisons ou de pub traités furent traités avec le même attention que les anonymes. Flamboyance des couleurs, précision des cadres,esthétique au cordeau. Car Brighton n’était pas un amateur, il avait étudié la photographie à l’université de Rochester. Son outil : une chambre 20 × 25, qui lui laissait du temps pour tourner autour d’une Buick bicolore, garée avec la grâce d’une sculpture devant le Mickey’s Blue Haven. Il avait ce truc avec les bagnoles, les transformer en oeuvres d’art. Il montrait comment de profanes objets du quotidien rivalisaient avec le sacré (juke-box/Christ), et comment le décor d’un bar incitait à la contemplation. Il avait ce pouvoir de sublimer un atelier de couture, d’un coup de dés. Pas de hasard avec mon cousin d’Amérique, homme d’intérieur, capable de révéler un porte-manteau dressé comme un drapeau, en attente d’un coup de vent.
Brigitte Ollier
Il est encore possible de voir certaines photographies de Bruce
Wrighton aux Douches la Galerie, à Paris.
Et sur le site de Laurence Miller, qui prépare une exposition pour ce
printemps, à New York.