Le sujet majeur de l’exposition de Brian Pearson à Robin Rice Gallery à New York est la grande métropole de Tokyo. Ses images préfèrent la retenue au chaos et la contemplation à la frénésie. Pearson, dans ses légendes, crédite les architectes qui ont conçu ses sujets comme s’il voulait honorer leur contribution à la nature contradictoire de Tokyo. Dans ses photographies, nous voyons un désir de sortir de l’aspect agressif de notre présent collectif, et de transporter le public au-delà des platitudes banales de la vie quotidienne. Pearson capture des moments de suprême tranquillité qui, pourtant, gardent une relation avec le pouls battant du monde.
Au lieu de chercher des sanctuaires, des chutes d’eau et des forêts de bambous, c’est dans sa modernité la plus banale que Pearson découvre les tendances bouddhistes du Japon : bancs de parc, hauts immeubles, parkings, luxueuses boutiques de mode et agences bancaires de banlieue. Tokyo est submergé de rythmes, et il n’y a aucun endroit sur terre où l’ordre sache mieux s’harmoniser avec le désordre. Pearson s’intéresse à cette juxtaposition, la distille jusqu’à son essence. Ce sont des photographies sans fioritures, radieuses et paisibles.
Piétons au Forum International de Tokyo, l’image qui ouvre l’exposition, illustre bien cette tendance. Un homme et une femme marchent du même pas et arpentent la place extérieure illuminée du Forum international de Tokyo, construit en 1997 par l’architecte Rafael Viñoly. Une ville de plus de 35 millions d’habitants bourdonne autour d’eux. Et pourtant, à ce moment précis, ils ne font plus qu’un, et l’énergie puissante de Tokyo semble la proie d’un sommeil hypnotique. La marche implacable du temps se transforme en une douce vague de synchronicité. Les jambes silhouettées du couple attirent le spectateur, nous arrêtent et nous font réfléchir, tout comme Pearson avant nous.
À 18 ans, Pearson, qui avait passé une grande partie de son temps au lycée à développer ses photos dans la chambre noire, a complètement cessé de prendre des photos : « Je voulais que cette période de ma vie me devienne mystérieuse. » Il est resté dans l’Ouest des Etats-Unis pendant quelques années avant d’obtenir son diplôme du Emerson College de Boston en 1995. A 25 ans, il a commencé à parcourir le monde avec un sac à dos, un voyage qui s’est poursuivi durant sa trentaine et se poursuit ponctuellement encore à ce jour. Il a fait des petits boulots, a écrit, et, mettant fin à son exil photographique volontaire, a recommencé à prendre des photos. C’est alors qu’a émergé son style riche et raffiné.
Brian Pearson
Du 8 mars au 23 avril 2017
Robin Rice Gallery
325 W 11th St
New York, NY 10014
Etats-Unis
www.robinricegallery.com