Lancée l’année dernière par la revue Zum et l’Institut Moreira Salles, la bourse Zum/Ims permet à deux lauréats de mener à bien leur projet photographique. Vainqueur de la première édition, João Castilho travaille actuellement sur sa série Zoo, dans laquelle des animaux sauvages intègrent des espaces domestiques.
Quel parcours vous a mené à la première édition de la Bourse Zum/Ims ?
J’ai commencé la photographie au cours de mes études d’art et de communication à l’université Puc Minas de Belo Horizonte (Brésil). Paisagem Submersa (Paysage immergé) a été mon premier sujet important, sur lequel j’ai travaillé pendant six ans en collaboration avec deux amis, Pedro Motta et Pedro David. Il s’agissait d’un reportage sur les victimes d’une centrale hydro-électrique dans la vallée Jequitinhonha dans l’Etat brésilien de Minas Gerais. Le résultat a été exposé dans de nombreux endroits et publié aux éditions Cosac Naify.
En 2013, la revue Zum a lancé les inscriptions pour la bourse Zum/Ims. J’étais alors en train d’écrire le projet Zoo et je me suis inscrit ! Cette bourse m’a permis de travailler avec intensité et de me dédier complètement à ce projet. J’ai pu former une petite équipe et couvrir les frais de production de la série. Cela a été l’un de mes travaux les plus complexes après Paisagem Submersa.
Quelle est la proposition de votre travail Zoo ? Pourquoi ce thème ?
La question de l’animal, et plus particulièrement de l’ “animalité” est quelque chose qui intéresse les artistes, les écrivains et les philosophes depuis longtemps. Ce n’est pas une question particulière, c’est un problème philosophique et artistique. Kafka, Bataille, Deleuze, Coetzee, Derrida, Guimarães Rosa et beaucoup d’autres ont traité ce sujet. Ce qui m’intéressait était justement d’amener l’animal, dans ce cas un animal sauvage, dans un décor domestique, où nous sommes potentiellement plus à l’aise en tant qu’humain. Cela pour discuter, à travers l’image et l’acte qui la crée, de la manière dont nous nous positionnons en tant qu’humain et animal. En brassant à nouveau les positions et les frontières qui parfois s’immobilisent. Ce déplacement de l’animal crée un court- circuit dans la réalité. On dit : cet endroit est celui de l’homme, celui-ci de l’animal, nous sommes radicalement opposés avec ceci et cela… Mais pourquoi ? Ne sommes-nous pas, nous aussi, des animaux ? Qu’est-ce qui nous rapproche ? Qu’y a-t-il d’eux en nous ? Et l’animal ne porte-t-il pas lui aussi beaucoup du mystère humain ?
Le travail fonctionne comme le témoin d’un acte. C’est très important pour moi que nous soyons présents, moi et l’animal, l’un en face de l’autre, s’interrogeant en silence, comme se disant : et maintenant ? Être face à face avec un animal nous ramène à l’âge primitif, et peut-être, qui sait, pour un bref instant, nous transformons-nous en jaguar, en tatou, en fourmilier.
Comment avez-vous procédé pour ce travail ?
La plupart des lieux utilisés se situent à Minas Gerais. Nous avons réalisé un travail de recherche et de production qui nous a amenés à certains critères. La plus grande difficulté est de trouver un animal qui puisse être déplacé et photographié en toute sécurité. Cela dépend des espèces. Nous avons travaillé au cas par cas, et ceux qui connaissent le mieux les animaux sont les éleveurs. Voilà pourquoi ce travail a été réalisé avec leur aide. Bien sûr, il y a toujours une part de risque, et c’est important pour le travail. Même si ces animaux ont un contact avec l’homme, ils ne vivent pas dans des maisons. Le déplacement change complètement notre instinct, et il en est de même pour les animaux. Le comportement de chacun, dans cette situation, est alors imprévisible.
Bourse photographique Zum / Ims
http://revistazum.com.br/category/bolsa-de-fotografia/
Revue Zum
http://revistazum.com.br/
Institut Moreira Salles
http://www.ims.com.br/
João Castilho
http://www.joaocastilho.net/v2/pt
Livre Paisagem submersa
http://editora.cosacnaify.com.br/ObraSinopse/11136/Paisagem-submersa.aspx
