“Après qu’un violent accident de moto m’ait laissé avec deux vertèbres fêlées, dans mon dos et dans mon cou, deux côtes cassées, et l’obligation de tenir le lit pendant quatre mois, j’ai eu le temps de déterminer quelle direction ma carrière de photographe allait prendre après ma convalescence. Je me suis rappelé d’une photo de tigre que j’avais prise quelques années auparavant lors d’un passage au zoo. J’avais été frappé parce que ce qui avait littéralement bondi hors de ce cliché — une personnalité, une âme. Il m’est apparu que ce que l’objectif avait d’une manière ou d’une autre réussi à saisir s’exprimerait bien mieux en noir et blanc. L’essence de l’esprit de cette créature, capturée seulement à travers le mouvement et la lumière », écrit Boza Ivanovic dans l’introduction de sa première monographie, Out of the Wild: Zoo Portraits (Glitterati Incorporated).
J’ai rencontré Boza Ivanovic pour la première fois quelques mois avant son accident, et quand il m’en a parlé, j’ai commencé à lui envoyer des livres. Il s’est alors mis lui-même à m’envoyer des photographies : des portraits d’animaux derrière des barreaux, derrière des vitres, mais leur condition captive y était invisible, et ce qui restait dès lors était l’image d’une vie anonyme, inconnue, préservée pour la satisfaction du public. Les animaux qu’Ivanovic a capturé avec son appareil vivaient en captivité et chaque photographie reflète leur singularité, et ce qui les sépare de leur réalité naturelle.
C’est sous la forme d’un lion qu’une majesté est conférée à cette condition, parce qu’avec ce lion, nous découvrons la grandeur dont il nous est fait grâce, de l’intérieur et de l’extérieur. Il y a une fierté et une humilité, une pureté et une honnêteté dans ce que le lion évoque. Son expression me coupe le souffle, à chaque fois que je la vois. Peut-être est-ce en raison de la patience et de la discipline qu’il a fallu à Ivanovic pour réussir ce cliché.
Pendant quatre jours, il a attendu devant la cage du lion au zoo de Los Angeles. Quatre jours, de neuf heures du matin jusqu’à cinq heures du soir, à regarder le lion assoupi. Le fauve dormait, indifférent à la présence d’Ivanovic, et celui-ci resta ainsi à l’affût, acceptant de présenter les signes de déférence que le roi de la savane lui demandait. Au moment où il s’éveilla, Ivanovic était là pour enregistrer ce moment. Il se souvient : « C’était beau et impressionnant, et en même temps, très paisible. Il était devenu rapidement clair que chaque animal avait sa propre personnalité. Ce lion semble-t-il très fier pouvait tout à fait se montrer un animal très doux, tandis que le mignon petit singe d’à côté présenterait finalement des signes de rage incontrôlables. Il fallait des heures d’observation pour apprendre à connaître chacune de ces créatures. »
La photographie du lion a connu une nouvelle postérité puisqu’elle a servi de modèle pour divers tatouages. Dans le courant de l’année, des douzaines de photos sont apparues sur Instagram, montrant différentes zones anatomiques ornées de têtes de lions détaillées : des épaules, des poitrines, des abdomens, des dos, des biceps, des avant-bras, des mains, des cuisses et des mollets. Partout où le lion peut apparaître, il le fait.
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BOOK
Out of the Wild: Zoo
Portraits by Boza Ivanovic
Glitterati incorporated
192 pages; 13 x 10″; landscape hardcover;
140 b/w photos
ISBN: 978-0-9881745-2-8
$60.00
http://glitteratiincorporated.com/products/out-of-the-wild-by-boza-ivanovic
http://missrosen.wordpress.com