C’est une exposition chromatique de Boris Mikhailov que propose la galerie Dominique Lévy de New York. Au premier étage est déroulée la série bleue, At Dusk, 110 photographies panoramiques d’à peine 30 centimètres de large alignées en continu dans un rendu très cinématographique.
La répétition, parfois, de la même scène capturée à quelques minutes d’intervalle ou du même angle recomposé à quelques semaines d’écart accentue l’effet de continuité narrative. Boris Mikhailov n’hésite pas à couper les visages, les corps, à prendre des images au ras du sol – souvent -, insufflant du mouvement à ses compositions.
Le cadre, résolument photographique, est plus étroit et allongé que le 16:9 du grand écran et se fait la métaphore des conséquences sociales de l’après-chute de l’Union Soviétique en Ukraine : le format génère des perspectives distordues qui reflètent l’instabilité du pays.
Les postures contractées révèlent la rigueur climatique, les passants écroulés sur les trottoirs reflètent la rugosité de la condition humaine et le bleu dont il teinte ses photographies définit cette ère chaotique et rude d’après 1991. Comme dans le film Napoleon (1927), d’Abel Gance, on passe à l’étage suivant à une autre couleur, le vert, celle de l’espoir, dans des panneaux géants de 2,5 mètres de haut qui n’en demeurent pas moins les tableaux d’une violente austérité sociale.
L’ère légère est révolue. Elle remonte à 1980, à l’époque où, en Crimée et en couleur, Boris Mikhailov mettait en scène ses amis aux corps contorsionnés de joie. Dans cette troisieme série, il en profite pour parodier les portraits de studio et de mode dans une ode de l’insouciance, contrepoint du requiem ukrainien qu’il compose depuis les années 1990.
Boris Mikhailov
Four Decades
Jusqu’au 8 février 2014
Dominique Levy Gallery
909 Madison Avenue
NY 10021 New York
USA
T: +1 212 772 2004
http://www.dominique-levy.com
