Les détails sont énormes dans la photographie de Luca Campigotto. La proue d’un bateau occupe les deux tiers d’une image, le pont d’une grue segmente une photo en plusieurs parties, un amas de câbles suggère l’immensité d’un navire, les reflets des paquebots qui attendent leurs voyageurs ou la lueur d’un magasin laissent deviner l’activité.
L’horizon, très éloigné de ces premiers plans imposants, complète l’information sur le contexte de la photographie.
Cette échelle binaire, est la première marque de fabrique des photos industrielles sélectionnées ici, choisies pour la plupart parmi des projets dans le port de Gènes ou les entrepôts de New-York.
L’autre caractéristique est la prise de vue nocturne. Eclairées exclusivement par les lumières artificielles présentes sur les lieux, les photographies de sujets si réalistes deviennent plus évocatrices que réelles. C’est la réussite paradoxale de ce travail si soigné du point de vue de la retouche : il fait plus appel à nos sens qu’à un hyper-réalisme dont il est le fruit.
Les photographies de Luca Campigotto se détachent ainsi d’un temps donné pour devenir évocation d’une activité industrielle, ici largement liée aux transports, courroie de transmission indispensable à la production mondialisée, et nous montrer l’échelle à laquelle se traitent désormais le flux des marchandises et des hommes.
Les vieux entrepôts New-Yorkais, certainement imposants lors de leur construction pour servir les activités maritimes de leur époque, proposent ici un contrepoint intime et poétique face au règne du container qui les a dépossédés de leur raison d’être.
A partir de détails, c’est finalement une foule de sentiments et d’informations que Luca Campigotto réussit à nous transmettre avec des photographies fortes et originales imprimées en grand format.
François Hébel
FESTIVAL
The Poetry of the Giants
Luca Campigotto, Milan, Italie
Du 3 octobre au 1er novembre 2015
Foto/Industria
Spazio Carbonesi
Via de’ Carbonesi, 11
Bologne
Italie