«Tout a commencé quand j’ai vu un éclair zigzaguer dans les escaliers, un après-midi, dans les locaux du New York Times Magazine. J’ai sorti mon iPhone et l’ai pris en photo. Puis j’ai commencé à voir des images partout – d’une beauté et d’une poésie incroyables dans mon bureau (…). Mon coin de bureau est orienté vers l’est et se trouve baigné d’une lumière particulièrement intense dès le matin (…). Je n’y avais pas particulièrement prêté attention lorsque nous avons emménagé dans l’immeuble dessiné par Renzo Piano. Je suis attachée à mes petites habitudes et j’aimais le vieux bâtiment tout graveleux et désordonné du Times. Le nouvel immeuble me paraissait trop neuf, trop propre, trop net. Mais dès que j’ai commencé à prendre des photos, je me suis amourachée de lui.»
Kathy Ryan n’est pas photographe, elle est leur bienfaitrice. Elle mène l’une des plus belles politiques de commande de photos pour les pages du magazine du New York Times dont elle dirige le service photo. Passant d’un portrait hollywoodien à la crise grecque, du sport à un phénomène de société, son domaine couvre potentiellement toute l’actualité, mais avec le recul d’un hebdomadaire. Elle fait appel aux meilleurs reporters, aux plus grands photographes conceptuels et aux portraitistes les plus renommés.
C’est sans aucune prétention qu’elle réalise ces photographies et s’amuse à les poster sur Instagram. Le retour massif de “I like” lui fait prendre confiance en elle et, dans une journée déjà frénétique passée de réunion en réunion à répondre à des changements incessants de sommaire du journal ou d’angles de traitement, elle s’invente des pauses images.
Le résultat, fait de moquette, de portraits furtifs de collègues, d’ombres portées, de post-it et de bouquets de fleurs, est d’une poésie, d’une quiétude, d’une variété étonnante qui constitue une très touchante promenade dans la vie de bureau.
Comme le dit Renzo Piano : « La première chose que je fais lorsque je visite un site pour la première fois, c’est de déterminer où se trouve le nord, et où se lève et se couche le soleil (…). La lumière est à l’architecte ce que le son est à un compositeur (…). Dans les photographies de Kathy Ryan, je suis heureux de trouver quelqu’un qui a saisi cela ».
Si l’œil de Kathy Ryan est certainement formé sans le savoir, la même démarche aurait pu être déclinée dans n’importe quelle entreprise tertiaire, banque, compagnie d’assurance, d’ingénierie… C’est un bloc-notes photographique, l’un des premiers phénomènes réellement intéressants liés à la diffusion massive des appareils photos dans les téléphones, qui promet beaucoup de surprises à venir, alors que tous les habitants de la planète se retrouvent désormais photographes.
L’exposition sera présentée sous forme de tirages, de projection et d’un bandeau défilant rappelant celui du New York Times à Times Square qui indiquera l’emploi du temps frénétique d’une journée de Kathy Ryan.
François Hébel
Livre: Office Romance, Aperture
FESTIVAL
Office Romance by Kathy Ryan
Du 3 octobre au 1er novembre 2015
Foto/Industria
Istituzine Bologna Museil
Museo internazionale e Biblioteca di Bologna
Strada Maggiore, 34
Bologne
Italie