Dans le cadre du festival Lumière Lyon 2012, la Galerie du festival inaugure sa première exposition, consacrée aux photographies de Bob Dylan prises entre 1965 et 1967 par le cinéaste et photographe Jerry Schatzberg. Elle propose de revivre en images sa rencontre avec le chanteur, dont la scène musicale a fêté les 70 ans l’année dernière.
A l’époque, Schatzberg travaille pour les plus grands magazines de mode américains et prend goût à s’immiscer dans le monde du rock. Il pose son objectif devant les Beatles et déguise les Rolling Stones en drag-queens. Dylan fait alors partie de la famille folk, chante la contestation politique, s’engage auprès de causes sociales. Beaucoup voient en lui le successeur de Woody Guthrie, son mentor dont la guitare porte l’inscription « This machine kills fascists ». Mais attiré par la nouveauté, Dylan trahit ses fans et passe à l’électricité.
La rencontre entre Bob et Jerry se fait par l’intermédiaire deNico, chanteuse des Velvet Underground et modèle de Schatzberg. Le chanteur est un personnage introverti, réservé, pourtant il accorde très rapidement sa confiance au photographe. Schatzberg va alors réaliser ce que personne n’a fait. Il emmène Dylan dans son studio, le fait poser cigarette à la bouche, le met dans des situations plutôt rock & roll. Il instaure une relation sentimentale et l’une de ses photos fera, en 1966, la couverture de l’album Blonde on Blonde.
C’est de cette façon qu’est articulée l’exposition, en débutant par les photos emblématiques de Highway 61, premier opus électrique de Bob Dylan. Puis, la disposition des tirages suit un fil chronologique et dévoile l’intimité des deux protagonistes, qui prendra fin en 1967. Parmi les images s’est glissée une inédite : Bob Dylan, caban noir et écharpe à carreaux, dodeline comiquement de la tête et s’apprête à fumer. La scène se passe à New York, le long d’une échelle de secours typique de Manhattan.
Selon Jerry Schatzberg, Dylan pourrait bien être le modèle le plus intéressant qu’il ait photographié dans sa carrière. Ces images, connues principalement aux Etats-Unis, saisissent un visage naturel de l’artiste et une personnalité sincère, dont il semble aujourd’hui s’être détaché. Autant que les attitudes de la star aux lunettes noires, c’est quelque chose de plus intime, de plus profond que capte le photographe : une fragilité, une gentillesse.
Jonas Cuénin
Bob Dylan par Jerry Schatzberg
Du 14 octobre au 9 novembre 2012
La Galerie du festival
3 rue de l’Arbre Sec
69001 Lyon – France