Les Jardins Prisonniers – C’était il n’y a pas longtemps dans Paris, un temps où on ne pouvait plus sortir de chez soi, c’était interdit, car c’était dangereux. Quelle était cette époque ? Une autre que la mienne, mais pourtant c’était le mois dernier.
Un jour, en prenant une voiture pour traverser Paris, ce Paris désert, il y a quelque temps, je passe devant le jardin des Buttes Chaumont, et entrevoit à travers les grilles, une sorte de jungle indomptée. Cette vision fugace m’a fascinée. Comme une impression. Que s’est il passé pendant ces deux mois? Que sont devenus les jardins parisiens ?
C’est là qu’un ancien désir est revenu. J’ai toujours eu envie de photographier les jardins.
Sans pouvoir y pénétrer, (les démarches d’autorisation étaient trop longues, et tout était fermé), j’ai décidé de les photographier à travers les grilles comme je pouvais, et d’utiliser la double exposition sur mon appareil moyen format. C’est pareil, ça fait très longtemps que j’ai envi de faire de la surimpression, et je n’avais pas trouvé l’occasion d’utiliser le procédé. Je suis partie à la recherche des jardins interdits, et prisonniers de leur grille, et je me suis risquée à faire des images que je ne contrôlais pas. Surimpression, argentique, sans pied photo, au hasard, à travers les grilles, des fleurs, des arbres, des cris d’oiseaux, mais personne , aucune trace humaine , des jardins sauvages en plein Paris .
Des jardins sauvages et prisonniers. C’était en mai 2020. J’ai fait ça comme une impulsion, j’ai saisi l’occasion.
Carole Bellaïche, Mai 2020