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Bernard Plossu – Échappées américaines, Inédits

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Comme beaucoup d’Européens de la génération d’après-guerre, Bernard Plossu s’est nourri de culture américaine, d’abord au cinéma, puis avec la littérature, grâce aux auteurs de la Beat generation, sans oublier la musique et notamment le jazz. Mais, étonnamment, c’est au Mexique, alors qu’il est à peine âgé de 20 ans, qu’il va découvrir, à sa façon, le Nouveau Monde. Nous sommes au mitan des années 60 et ce jeune passionné d’images, épris de liberté, ne sait pas encore qu’il publiera quinze ans plus tard, en 1979, un livre manifeste de la scène photographique française : Le voyage mexicain. C’est d’ailleurs de Mexico qu’il prend la route en direction de la côte californienne, dès 1966, avec son ami Bill Coleman, pacifiste et membre de la Students for A democratic Society, qui va l’initier à la culture beat et hippie. Quelques années plus tard, c’est encore grâce à Coleman qu’il rejoint le Nouveau Mexique pour s’y installer, entre 1977 et 1985, d’abord à Taos puis à Santa Fe.

Fasciné par le désert depuis qu’il a visité le Sahara au côté de son père, à l’âge de 13 ans, Bernard Plossu décide, à partir de 1979, de traverser à pied non seulement le Nouveau-Mexique, mais aussi l’Arizona, l’Utah et le Colorado, accompagné de ses amis Doug Keats et Daniel Zolinsky.

L’ombre des Indiens, notamment les Apaches Chiricahuas, plane sur l’immensité de ces territoires arides et Bernard Plossu n’aura de cesse d’arpenter ces lieux de mémoire et leurs sites sacrés tout en se confrontant au silence et à cette minéralité sublimés par une lumière incandescente. Il s’inscrit, dès lors, dans la lignée des grands photographes américains, comme Ansel Adams ou Paul Strand qui l’ont précédé dans ces grands espaces, sauf qu’il est hors de question de les imiter. Il opte non pas pour un appareil grand format, mais pour un Nikkormat 24×36 doté d’un objectif 50 mm. Ses tirages ne mesurent pas plus de 12 cm sur 8 cm, ce qui fera dire à l’historien américain Stuart Alexander, dans son texte d’introduction au Jardin de poussière (ouvrage publié en 1989 et dédié à la mémoire de Cochise) : « Plossu considère ce format comme la dimension parfaite. Plus petits, ils ne seraient pas lisibles. Plus grands, l’image ne tiendrait plus. Le grain du film prendrait trop de présence et le sens de concentration et d’intimité serait perdu. Regarder ces tirages est une expérience similaire à celle de regarder des daguerréotypes de paysage. » Ce « hors-temps » et ce « hors-champ », à l’opposé des images tout en mouvement, parfois même à la limite du flou, qui ont fait sa réputation, tracent un chemin initiatique qui ouvrira à Bernard Plossu de nouveaux horizons, bien plus tard, et cette fois sur le Vieux Continent.

Cet ensemble d’images, présenté dans le cadre de « Présence (s) photographie » est exposé pour la première fois en France. Plusieurs séries – « Le Jardin de Poussière », « Cochise’s Stronghold », « Chaco Canyon » et « White Pictures of White America », « Southwest electric poles » – sont inédites. Elles sont complétées par la série « So Long » et une dizaine de photogrammes issus de la série « 8/Super 8 ». Manière de rappeler que Bernard Plossu savait aussi manier une petite caméra dans un pays qui vénère le CinémaScope.

Philippe Séclier, commissaire de l’exposition

 

Bernard Plossu – Échappées américaines, Inédits
du 17 novembre au 02 décembre 2018
Centre d’art Espace Chabrillan
127 rue Pierre Julien
26200 Montélimar

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