Dans la ville fourmilière, les foules de travailleurs forment des flux incessants dont les courants se croisent, se télescopent, s’agrègent et se dispersent aux heures de pointe dans le souci et l’indifférence générale. Mais les habitants des villes ne sont pas des fourmis et s’arrêtent parfois. Par fatigue pour beaucoup, mais aussi par plaisir de prendre le temps de lire, de fumer une cigarette, de regarder le ciel, de prendre le soleil ou tout simplement de ne rien faire. Ces pauses (ces poses ?) que j’aime photographier sont des instantanés que j’arrache au grand film ininterrompu de la vie métropolitaine : aussi banales soient-elles, n’expriment-elles pas à leur façon une forme de résistance douce à la violence du corps social ?
Bernard Chevalier