De Cluj-Napoca à Braşov
Paradoxe : le train serait un mode de transport idéal pour la photo de voyage parce que contrairement à la voiture ou aux deux roues on ne peut en descendre. Cette contrainte nous rend à la fois mélancolique (toutes ces vues qui nous passent sous le nez sans que l’on ait eu le temps de les photographier) et extrêmement attentif, l’œil plus que jamais aux aguets afin d’anticiper l’image à extraire du flux qui défile sous nos yeux. Un peu comme dans la photo de rue qui nécessite la même vigilance pour ne pas rater un visage avant qu’il ne disparaisse dans le flot des passants. Dans cette série réalisée à bord d’un vieux train roumain, j’ai exploité cette contrainte en choisissant de composer mes images à partir du cadre standard de la fenêtre du couloir quasiment identique au format photographique classique 24X36. Après coup, ce dispositif de prise de vue s’est avéré productif : les images ainsi construites avec le cadre de la fenêtre intégré font penser à des images de planche contact agrandies. Que cette série prise avec mon portable puisse évoquer quelque chose de l’imaginaire et de la poésie de l’image argentique me plait assez. Ces images sont nées d’un voyage de 300 km qui m’a conduit en six heures de Cluj-Napoca à Braşov, en Roumanie.
Bernard Chevalier