Oscillant entre deux extrêmes, le voyage solitaire et l’industrie de la publicité, Benoît Mauduech illustre ses réflexions sur la condition humaine dans son travail personnel comme de commande. Photographie et digital lui permettent d’opérer une mise en peril de ses sujets pour mieux se rapprocher de son questionnement sur l’existence. Invisible est sa toute dernière série personnelle.
D’où vient votre photographie ?
B. Mauduech : De mes états d’âmes.
Quand a lieu l’instant décisif pour vous ?
B. M : Tout les instants sont décisifs, la photographie en isole un parmi tous les autres. Il n’est pas plus important que les autres.
Qu’est-ce qui a inspiré votre série ?
B. M : Un besoin irrépressible de disparaître et d’être là, spectateur invisible et non intervenant.
La publicité que vous aimeriez faire ?
B. M : Celle qui n’aurai rien à vendre !
Quelles sont les tendances photographiques actuelles selon vous ?
B. M : Peut-être un besoin universel d’exister. Prendre une photo aujourd’hui permet de se rassurer sur le fait d’être vivant. Il y a autant de tendance qu’il y a d’individus. Et si pour une fois on n’avait plus besoin de ranger les choses dans des cases ?
L’expérience du monde a incroyablement changé, sa représentation a évolué, le numérique devient-il selon vous essentiel à l’esthétique photographique contemporaine ?
B. M : Le numérique n’est qu’un outil. Sans imagination l’outil est inutile. L’esthétique photographique contemporaine n’est en rien dépendante ni esclave du numérique.
Autre chose à dire ? La réponse à une question que je n’ai pas posée ?
B. M : Rire et créer.
Né en 1969, Benoît Mauduech, apprend la photographie à l’Ecole des Gobelins dont il sortit major en 1990. Après avoir fait ses armes auprès de grands photographes parisiens de mode et de nature morte, il se lance rapidement dans le métier. En 2003 la campagne de prévention contre le Sida avec son personnage Dick man le propulse dans la publicité. Il enchaîne depuis les campagnes, notamment pour Mercedes, Loewe, Quicksilver. Depuis 2011, il signe la campagne remarquée de sensibilisation au civisme de la Ratp, jouant la carte d’un anthropomorphisme efficace. En duo avec un illustrateur, il signe de nombreuses réalisations sous le nom de Jeff&Cruz, notamment pour le WAD ou Wig. Print, flm, expo… ce couple atypique offre une perspective créatrice à 4 mains.
Propos recueillis par Séverine Morel
REPRESENTATION
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