Benno Graziani nous a quittés en mai à l’âge de 95 ans. Il y a quelques semaines, il était venu à la galerie pour le vernissage de l’exposition de Jean-Marie Périer. Gai et plein d’humour, comme nous l’aimions.
Jeune homme pressé, il avait intégré l’équipe fondatrice de Paris-Match après la guerre. Auréolé du prestige des grands reporters, il repéra une ravissante jeune fille qu’il épousa et introduisit chez Dior, Bettina Graziani.
Quelques années plus tard, il séduisait – en tout bien tout honneur – une non moins ravissante américaine, Jackie Bouvier, bientôt Kennedy. Leur amitié dura pour la vie.
Mais ses reportages ne se bornaient pas aux chroniques de la jet-set. Il parcourut les théâtres de guerre, d’Israël à l’Afghanistan. Il rencontra nombre de chefs d’État et de grands industriels – comme Gianni Agnelli avec qui il noua une longue et solide amitié.
Ci-dessous, Kaboul, Afghanistan, décembre 1959, pendant le voyage du président Eisenhower.
En 2001, le MET de New York exposait une quinzaine de ses photographies, qui venaient ensuite au Musée des Arts Décoratifs de Paris. Par la suite, il se consacra à la rédaction d’une autobiographie et à la remise en ordre de ses archives. Nous avons monté avec lui des expositions à Londres, à Los Angeles, à New York, à Deauville et à Paris bien sûr.
Benno Graziani aimait la vie et les gens et ceux-ci le lui rendaient bien. Il nous manquera.
Valérie-Anne Giscard d’Estaing
Avec Daniel Filipacchi et Willy Rizzo, Benno Graziani appartenait à l’équipe fondatrice de Paris-Match en 1949. “Benno est très amusant mais il a toujours son appareil photo à la main » disait John Kennedy au garde du corps de Jackie. Le Président s’inquiétait à l’idée que des photos de vacances montrant son épouse en train de danser ou de nager en bikini puissent être diffusées. Kennedy avait vu juste à propos de Gilbert « Benno » Graziani (né en 1923 – France). Si ce n’est que Benno n’a jamais donné ses photos personnelles à Paris-Match. Ces images évoquent une période heureuse où le soleil brillait tous les jours, les femmes étaient belles et la vie était gaie. Les journalistes de Paris- Match contribuaient à cette légende. Leurs notes de frais étaient illimitées et ils pouvaient « vivre comme des rois » tant qu’ils rapportaient de bons reportages. Fellini s’inspira d’eux, et notamment de Benno Graziani, pour « La Dolce Vita ». Graziani se lia d’amitié avec les plus grandes célébrités de l’époque, Kirk Douglas, Charlie Chaplin, Audrey Hepburn, Jane Fonda, Brigitte Bardot et la Princesse Grace of Monaco. Il avait rencontré la jeune Jacqueline Bouvier lorsqu’elle travaillait pour le Washington Times Herald au début des années 1950 et il resta très proche d’elle lorsqu’elle devint la First Lady. C’est grâce à elle qu’il fit ensuite la connaissance de Gianni Agnelli, dont il resta très proche toute sa vie. « Il y a des gens qui font l’histoire, il y en a qui la subissent et il y en a qui la racontent. C’est moi » nous a confié Benno.
