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Benjamin Rullier : L’A.S. Verchers Foot

Preview

Dans une série au long cours qui mêle différents formats photographiques, Benjamin Rullier met délicatement en lumière un club de football exclusivement féminin installé dans une commune rurale de 800 habitants.

Le point de départ est simple : Benjamin Rullier veut comprendre ce qui se joue ici, aux Verchers-sur-Layon, dans cet espace rural, agricole, où un club de football féminin s’est installé depuis plus de vingt ans. Alors, qu’est-ce qui fait que des joueuses de l’autre bout du département viennent y jouer, faire deux heures de route aller-retour pour s’y entraîner deux fois par semaine ? Que veut dire être un club de campagne ? Que veut dire le mot engagement, dans ce club où joueuses, dirigeants, bénévoles s’impliquent pour faire vivre, perdurer un modèle atypique ?

“À l’époque où on a joué en D2, on passait pour les filles de la campagne et c’était la vérité. L’image compte beaucoup. Il fallait qu’on vienne toutes en jogging, habillées de la même manière, qu’on se plie aux codes qui ne nous correspondaient pas. Mais nous, on est bien comme on est. On vient jouer notre football. » Mais c’était compliqué, il y avait des filles en face qui étaient semi professionnelles, qui s’entrainaient toute la journée. Nous on essayait de faire trois entraînements par semaine, mais on travaillait ou on faisait nos études à côté. Aujourd’hui, ça a pris encore plus d’ampleur.” Amandine, défenseuse de l’AS Verchers foot

Le photographe a choisi le temps long pour apprendre à connaître le club, le staff, les joueuses, et tenter de faire comprendre, sans mots, ce qui fait l’ADN de l’AS Verchers Foot. Pour mener à bien ce projet, il a souhaité montrer des fragments de ce qui constitue ces dimanches après-midis de football, de véritables moments de sport mais aussi de rencontres, de retrouvailles pour celles et ceux qui sont accrochés à ce club.

À un moment, la saison a été très difficile et ça a été compliqué pour moi. Il y avait des matchs où j’avais envie de sortir du terrain, c’était insupportable, j’avais honte de ce qu’on pouvait produire, marre qu’on se prenne autant de but. Et pourtant je courais pour chaque ballon. J’ai été beaucoup partagée entre le réalisme de notre niveau et ma combativité qui prenait toujours le dessus. Je me disais : peut-être qu’on peut faire quelque chose. Et de toute façon, même si on perd je donnerai tout juste qu’à la 90e.

La photographie de sport, de football n’est pas le sujet principal. Benjamin Rullier s’intéresse plus particulièrement aux scènes, aux objets, aux visages, aux émotions, à ce qui se transmet avant, pendant et après le match. On y observe tour à tour des jambes qui attendent fébrilement d’entrée sur le terrain, des bras qui s’agitent sur le banc de touche, un ballon oublié à travers les friches, des corps qui vont au contact, au combat, des visages marqués après le match, et on comprend l’engagement des joueuses et des supporters réunis le long des barrières ou sur la petite butte en terre.

La question du regard est primordiale. En travaillant avec différents appareils, différents formats, il offre des points de vue, des axes différents sur ce projet : des portraits à l’aide d’un Pentax 6×7 (moyen-format argentique) pris à la fin du match, des scènes autour du terrain, parmi les spectateurs, capturés avec un Canon QL17 GIII (compact télémétrique), et ce qui se passe sur le terrain, au moyen d’un Fujifilm XH-1 (hybride numérique).

Trouver la bonne distance, isoler les corps, figer les scènes délicatement, voilà la recette que tente de mettre en place Benjamin Rullier pour amener les spectateurs à poser un regard sur ce club, caché dans le dos d’une forêt, à la sortie d’un village par lequel peu de gens passent.

Souvent, je pars à 18h30 et je reviens à 22h30. Parce que les Verchers c’est le club de cœur, le club familial. Il y a une compétition, bien sûr, mais ça a toujours été une bonne ambiance. Je ne sais pas si je pourrais trouver ça autre part qu’ici

Les photographies numériques de Benjamin Rullier ont toutes été réalisées avec un Fujifilm XH-1 et les objectifs Viltrox 90mm f/2, Fujifilm XF 56 mm f/1,2 et XF 200mm f/2 dont la luminosité et la profondeur de champ permettent d’isoler le sujet, de figer le mouvement. Ils ont été acquis sur MPB.com, entreprise d’achat et de revente de matériel photographique de seconde testé et vérifié par des spécialistes.

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