« Il est important d’évaluer l’échelle humaine à travers toutes ses dimensions, y compris les dimensions cachées de la culture. » Dans son ouvrage La Dimension cachée (1966), l’anthropologue américain Edward T. Hall invente la proxémique : l’étude de la perception et de l’usage de l’espace par l’homme. Il explique ainsi que les individus évoluent dans des mondes sensoriels différents selon les cultures. L’homme et son environnement interagissent, et la dimension cachée est celle du territoire de tout être vivant, de l’espace nécessaire à son équilibre.
De l’expérience de nos corps fragiles
En grec ancien, Ark renvoie à l’étymologie de mots tels que coffre, citadelle… Il exprime une limite, une tension entre l’intérieur et l’extérieur, des forces opposées, ce qui contient et ce qui résiste.
Dans cette série, les danseurs formulent une expérience du déséquilibre et de la pesanteur en interaction avec des espaces construits de formes brutes.
Le corps se dessine dans l’espace et pour faire exister les vides. L’action proposée vient soulever des tensions entre ancrage au sol et pesanteur de l’architecture. Silhouettes échouées, postures arrêtées, la danse vient tantôt comme une lutte, tantôt comme une résignation sur des arrière-plans aux lignes monumentales.
Par sa présence à l’intérieur de la forme construite, le danseur nous invite à interroger la possibilité du vide, les distances, la tension existente dans les espaces de transitions, territoires de flux dans lesquels le corps du vivant se déplace de manière automatisée.
Les constructions sont brutes, lourdes, rugueuses. Les lignes sont géométriques et anguleuses. En revanche le corps est léger, organique et vulnérable.
Par un travail de mouvement en réponse à la structure de l’espace, par l’écriture physique des distances entre le Corps vivant/ Corps mou et la matière construite/ rigide, le corps est alors en situation fragile.