« Tout au long de la réalisation de la série « Itinérances » j’ai beaucoup photographié en mouvement. J’ai beaucoup photographié le mouvement. Mouvements humains, croisements, rémanence de la perception, conscience de l’environnement de l’autre, que je croise, que j’effleure, que je percute presque parfois, qui imprime ma conscience et disparait aussi vite que le flux dans lequel il se love. Souvent je me souviens de ces visages la fraction de seconde suivante, lorsqu’ils ne sont déjà plus, lorsqu’ils sont déjà dans cet ailleurs et la photo me reste comme une écriture automatique, une trace de mes fantômes intimes qui murmurent « nous ne sommes pas réels ».
Cette série est liée à la photographie de rue, avec la particularité qu’ici nous sommes dans l’ailleurs de l’instant que nous offre le flou. Ce flou je le revendique comme partie de moi -même, certains diront comme une erreur photographique là ou je plaide pour un geste humain tout simple. Il n’y a pas d’anticipation de l’instant comme le veut la photographie de rue traditionnelle, pas de recherche de la composition, il y a l’instant.
Il y a comme pour l’écriture automatique, que je pratiquais autrefois, cet instant presque chamanique ou je sais que la photo ne sera pas nette et que dans mes villes peuplées de fantômes nous capturons encore une fois ce qui n’existe déjà plus… Là où je ne suis plus moi-même réel.
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Photographe français basé à Toulouse je travaille principalement sur la mémoire, la transmission et le rapport à la théâtralité du monde.
Tout comme je reste convaincu que les textes naissent des fulgurances et des rêves des hommes, ma perception de l’image est qu’elle reste toujours un hasard et que l’instant n’est jamais maitrisé.
C’est également pour cette raison que j’affectionne la photographie de rue et y consacre une partie de mon temps photographique.