Maison d’édition fondée en 1965 par Sigfried Blume, père de Leopoldo Blume actuel directeur.
Nous nous rencontrons au siège, une jolie maison moderniste dans les hauteurs de Barcelone.
L’impulsion initiale était la transmission d’une connaissance, d’une histoire, l’art, la nature, où la photographie constitue un langage majeur. En un mot, BLUME est un éditeur de beaux livres, toutes les catégories avec besoins iconographiques importants sont présentes dans son catalogue.
En plus et bien sûr BLUME est aussi l’éditeur des photographes et de leurs monographies documentaires.
Leopoldo croit se souvenir que la première édition photographique c’était en 1979, « Años de muerte, años de esperanza » de Agusti Centelles, une anthologie de ses photographies des années 30 jusqu’à la fin de la Guerre Civile, la fameuse valise de Carcassonne.
Editeur de « Desaparecidos » de Gervasio Sánchez, le thème du devoir de mémoire est débattu, en surfilage du photojournalisme, de l’image documentaire comme instrument de compréhension de l’histoire ou simplement d’interprétation, d’ombres mises en lumière…
Citons encore Miquel Dewever dont l’œuvre sur les Mayas, depuis sa perspective anthropologique à la confrontation sociale documentaire en dénonciation du génocide et de ses plaies ouvertes dans la réalité quotidienne du Guatemala, le dernier ouvrage de cette amitié-engagement étant Alma qui reçoit la récompense du 1er Prix « Interactive Documentary » au World Press Photo 2013.
Sur la récupération du patrimoine photographique espagnol paralysé par 40 ans de franquisme, il a des tas d’histoires à raconter mais la plus significative est probablement celle d’une édition qu’il vient de sortir en 2013 : « (Desenterrando el silencio) : Antoni Benaiges, el maestro que prometió el mar » (En déterrant le silence : Antoni Benaiges, le maître d’école qui promit la mer) – textes de Francesc Escribano, Francisco Ferrándiz, Queralt Solé – photographies de Sergi Bernal. Cet ouvrage raconte la labeur puis la disparition d’un maître d’école catalan en juillet 1936 à peine au commencement de la Guerre Civile. Les recherches historiques et scientifiques sur le destin de Antoni Benaiges ont été rendues possible grâce à l’exhumation d’une fosse commune dans les parages de La Pedraja dans la province de Burgos où officiait le maître d’école qui dispensait et mettait en application les méthodes pédagogiques de Célestin Freinet, (1896-1966), pédagogue français.
Cette exhumation est la première en date, après 35 ans de démocratie… Leopoldo Blume pense qu’il faut beaucoup plus de conscience au niveau politique pour que le travail de mémoire soit engagé à long et durable terme…
Tous les ouvrages des éditions Blume que j’ai eus entre les mains sont d’une exceptionnelle qualité, de l’édition de luxe à cette édition beaucoup plus modeste à l’image de la vocation du maître d’école… L’impression des photographies est parfaite, la qualité du papier digne, et détail très émouvant, une photo de l’instituteur avec sa classe, une carte postale détachable sur la couverture, une photographie d’un champs fraîchement moissonné avec les ballots de paille sous un ciel orageux dévorant l’horizon…
De la crise économique, je ne retiens qu’une certitude : elle était nécessaire, une question de morale, suspendre la débauche… Leopoldo Blume ne parle que d’adaptation et de flexibilité. Il a certes réduit le nombre de titres luxueux et coûteux mais pas le volume global de ses éditions par an, environ une centaine de titres.
BLUME fait partie de l’EPAP (European Publisher Award for Photography) un prix décerné à un travail photographique sur un visionnage de 90 à 120 portfolios répartis sur 5 éditeurs européens.
C’est d’ailleurs par ce biais que vous verrez un photographe finlandais cohabiter avec les photographes nationaux. Leopoldo Blume a découvert son œuvre au travers de l’EPAP, il a trouvé une vraie signature dans le travail du photographe, il a voulu l’éditer.
Des photographes nationaux, parlons de Gervasio Sánchez ou Miquel Dewever dont il mutliplie les titres naturellement. Il évoque des collaborations ponctuelles aussi.
Le rigorisme ne semble pas de mise dans le règlement intérieur, Leopoldo Blume se définit comme un éditeur d’œuvres, la photographie déniche de grands secrets, de grandes émotions dans son esprit, c’est ce qui donne un sens à son quotidien.
Sur l’avenir du livre, il parle encore une fois de culture et d’éducation, il me rappelle que 50% de la population en Espagne ne lit pas du tout, j’avoue que je n’ai pas de référence de comparaison avec un autre pays…
Sur l’avenir du livre de photographie et la transformation des habitudes avec l’image par le biais de l’outil numérique, il s’accorde sur le principe que le livre va finalement trouver la place qui lui est dû en tant qu’œuvre d’art…
Leopoldo Blume parle peu de rentabilité, il parle beaucoup des photographes et des thèmes liés à la photographie. Si une dernière question, l’Amérique Latine dans l’équilibre des ventes ? Elle prend une part de plus en plus significative…
Leopoldo Blume a été la référence éditeur dans la bouche d’un grand nombre de photographes que j’ai rencontrés directement ou indirectement… Il le leur rend bien, il ne parle que d’eux, leur manière, leur approche, leur qualité d’artiste photographe.
Lola Fabry, récit d’une belle rencontre mardi 28 mai 2013 à Barcelone.
Blume
Av. Mare de Déu de Lorda, 20
08034 Barcelone
Espagne