Chippendales. Des hommes se déshabillant pour des femmes. C’était tout un phénomène à partir du début des années 80. Lors d’une de leurs soirées d’ouverture dans un club de New York, je suis allée les photographier avec un groupe d’amies. J’étais curieuse de savoir comment les femmes allaient réagir face à des hommes musclés comme « L’homme parfait » (l’un des personnages). Comment géreraient elles l’opportunité de « malmener » ces gars pour un baiser en échange de mettre un billet d’un dollar dans leur string ? Il était temps d’inverser les rôles, pour que les hommes soient les objets sexuels qui se déshabillent pour les femmes plutôt que l’inverse ! Il a fallu beaucoup de temps depuis les débuts de la « libération des femmes » pour que cette idée devienne réalité.
Le phénomène s’est poursuivi jusque dans les années 90, et personne ne savait grand-chose du scandale qui se déroulait dans les coulisses, avec la conclusion de contrats de meurtre, une opération internationale du FBI et un suicide en prison. Toute cette histoire extravagante a fait l’objet de podcasts et de documentaires télévisés qui incluent certaines de mes images.
Les shows des Chippendales étaient amusants, séduisants et fantastiques. Regarder et photographier l’excitation et l’énergie sexuelle qui remplissaient la pièce et voir les femmes sortir avec leurs copines passer un bon moment en partageant un secret coquin était pour moi une excellente façon de passer la nuit. J’ai documenté des comportements de toutes sortes, y compris sexuels, avec mon appareil photo. Les Chippendales, bien que relativement dociles par rapport aux autres clubs que j’ai photographiés, ont créé un espace ouvert pendant une période de relâchement des inhibitions.
Ces photos ont été prises avec un Olympus XE à clapet, l’appareil photo parfait pour ce genre de situation. Sa petite taille m’a permis de me fondre discrètement. D’autres photographes avaient apporté de plus gros appareils photo avec flash et il leur a été interdit de prendre des photos. Au cours de mes années d’emplois indépendants et de couverture de démonstrations, j’ai appris à trouver un moyen de contourner les règles – une bonne compétence à posséder en tant que photographe.
Cette série documente l’air du temps d’une période plus libre. L’enthousiasme du public et des artistes est très évident. En regardant ces photos, on se sent très éloigné de notre environnement actuel.
Barbara Alper
