« Lauréat de la Résidence BMW 2017 à GOBELINS, Baptiste Rabichon propose une pratique de la photographie qui redonne un sens à l’idée d’une matière porteuse de contenu. Son travail est un ensemble de sensations et d’impressions. Son discours se construit par l’utilisation d’outils et de protocoles de fabrication complexes, mêlant nouvelles technologies et techniques anciennes.
Ils sont étranges et rares ces objets uniques, qu’il faut bien nommer photographies, aux formes variées, visions parcellaires du jardin des Hespérides. Ils sont le résultat d’une action spécifique sur la scène photographique française, une expérimentation où la fantaisie côtoie l’admiration pour les grands ancêtres. Dans ce décor, il est possible certains jours d’y apercevoir Fox-Talbot ou Renger-Patzsch. Ils s’y promènent et prodiguent quelques utiles conseils à ce jeune jardinier, cet homme fait fleur.
Tout est dorénavant végétal dans un monde stable où aucune proposition ne semble incongrue. Il n’y a rien de magique dans cette transformation. Avec persévérance, et une grande acuité, Baptiste Rabichon recherche d’autres éléments pour parler du réel. Dans une photographie sans direction, on se perd dans une jungle où l’homme ne se distingue plus de la nature. La recherche de l’harmonie, idée que l’on fuyait il y a quelques temps, préside à la réalisation de l’individu en tant qu’être complet. Les exigences de la raison n’interviennent que dans le processus de fabrication. En bon jardinier, c’est-à-dire en bon artisan, Baptiste Rabichon s’acharne sur les meilleurs procédés. Argentique et digital, tout se mêle dans un unique souci, l’exigence de donner à cette époque une nouvelle sensibilité, une prescription animiste, des formes vivantes de la matière. La beauté, autre idée longtemps rejetée, apparaît ici sous la forme d’une union amoureuse, la réconciliation entre les êtres, les objets et les végétaux. »
François Cheval