Après 20 ans d’aventure collective, Transit a opéré sa mutation. Devenant en 2022 une plateforme de projets photographiques, la structure montpelliéraine s’ouvre à de nouveaux artistes et continue de porter résidences, collaborations et expositions. Présente dès la création du collectif en 2002, Valentine Pignet revient sur l’évolution de Transit et son rôle de chargée de projets et directrice artistique.
Comment est né Transit ?
Le collectif a été créé en juillet 2002. C’est une période où beaucoup de collectifs se sont constitués. À l’origine, c’est la rencontre de trois photographes : Nanda Gonzague, David Richard et Bastien Defives, accompagnés ensuite par d’autres, qui partageaient une même envie, une même approche de la photographie et qui ont décidé de se regrouper pour mettre en commun leurs contacts, leur matériel et leurs compétences, afin notamment d’assurer une meilleure diffusion de leur travail auprès des rédactions, des festivals.
Vous êtes arrivé dans cette énergie des débuts ?
Cette année-là, j’arrivais de Dijon pour un master en direction artistique de projets culturels et quand on s’est rencontré, on a tout de suite eu envie de collaborer. J’ai rejoint le collectif en 2003 en tant que chargée de projets : je m’occupais de la programmation de l’espace Transit, lieu de travail transformé régulièrement en espace d’exposition et des projets culturels (résidences, workshops) avec les photographes. J’ai participé à la création, au développement du collectif et de l’association.
Sans être photographe, vous étiez malgré tout au cœur du projet dès le départ ?
J’ai vraiment fait partie de l’aventure au même titre que les photographes, j’ai œuvré de la même façon. Il y avait une envie forte de créer une énergie collective, de partager notre vision de la photographie avec le public. Grâce à mon implication dans la structure, l’activité de l’association est devenue pérenne et a permis de développer des liens auprès des institutions et avec le public qui fréquentait le lieu.
Comment avez-vous vécu cette période ?
C’était à la fois ma première expérience professionnelle et une véritable aventure humaine. On a partagé toute une période de vie ensemble, comme une grande colo. J’ai beaucoup appris. Ma place a évolué petit à petit, de chargée de projets à davantage de direction artistique en parallèle de l’évolution du collectif et de ses projets.
Et il y a deux ans, Transit a changé de forme.
Il y a eu 20 ans d’aventure collective, riche, joyeuse, enrichissante. En 2022, la structure a évolué, elle s’est transformée : elle est vraiment devenue une plateforme de projets assez naturellement. L’idée était d’ouvrir à de nouveaux photographes, de nouveaux artistes, sous forme de collaboration.
Quelles sont les propositions que vous portez par l’intermédiaire de Transit ?
L’envie première est de soutenir la création photographique, proposer des temps de recherche, accompagner les photographes dans l’écriture et le développement de leur projet, de proposer des regards d’auteurs et d’autrices sur le territoire et ses transformations, de présenter des œuvres, des regards, donner à voir la diversité des démarches et des pratiques au public.
On propose notamment des résidences de création, appelée Mutation pour documenter l’évolution contemporaine des territoires qui nous entourent. Après les photographes Cyrus Cornut et Mathias Benguigui, aujourd’hui c’est la photographe Stéphanie Lacombe qui est notre invitée. Des temps de recherche plus courts, les Transitlab où pendant un mois, on met notre lieu, l’espace Transit, à disposition d’artistes du territoire pour leur permettre de questionner un travail en cours sous toutes ses temporalités, création, exposition, édition. Par exemple, Andrea Olga Mantovani a été accueillie pour faire l’editing de ses images et penser leur scénographie en préparation de son exposition au Jeu de Paume à Paris en février prochain. Dans ces moments, mon rôle est de favoriser des rencontres avec des professionnel.le.s, photographes, iconographes, festivals, éditeur.rice.s, afin de leur permettre d’échanger et de les accompagner dans leur recherche. D’autres partenariats sont développés avec l’Université de Montpellier notamment avec la mise en place d’expositions, de workshops.
Est-ce que le fait d’avoir plus de vingt ans de collectif ancré sur un territoire permet aujourd’hui de continuer à porter des projets, même autrement ?
Comme Transit est identifié sur le territoire et a su constituer un réseau au-delà de ce dernier, transformer le projet initial en gardant le nom est une force pour développer des projets. Ça ne pourrait probablement pas se faire de la même façon s’il n’y avait pas ce qu’ont apporté et ce qu’apportent toujours les photographes qui ont composé le collectif. D’ailleurs, ça a toujours été un travail collectif. Aujourd’hui, c’est plutôt moi qui le porte mais on est toujours en contact, on échange régulièrement. Il y a une communauté, une famille de cœur qui s’est construite au fil de ces 20 ans. Aujourd’hui, elle s’ouvre à d’autres.
Comment envisagez-vous l’avenir de Transit ?
J’ai envie de garder cet oeil ouvert sur le monde, de participer à le documenter et de poursuivre ce croisement, ces échanges, avec les photographes, nos partenaires culturels et le public autour des arts visuels, à Montpellier et ailleurs.
En étant objective, je suis dans le même cas que de nombreux acteur.rice.s culturels avec des budgets incertains donc un avenir fragile. Aujourd’hui, en plus de trouver une nouvelle forme pour le collectif, nous quittons notre lieu historique, mais, le projet continue, nous allons nous rapprocher d’autres lieux, mutualiser nos énergies avec de nouveaux partenaires. Il y a un vivier à Montpellier et en région, je sais que nous allons transformer toutes ses envies partagées en projets.
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