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Bande organisée : Le Collectif Sans Filtre

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Chaque mois, L’Œil de la Photographie s’intéresse au collectif photographique avec les mots de Benjamin Rullier. Loin de la figure de l’artiste solitaire, des photographes choisissent de se regrouper. Projets à plusieurs, passerelles entre les pratiques, réalités économiques : un membre fondateur ou actif vous présente son collectif, ses spécificités et ses enjeux. Entrez dans le groupe !

En août, Anita Volker retrace la création du Collectif Sans Filtre rassemblant sept femmes photographes des quatre coins de la France. Différentes par leurs parcours, leurs activités, leurs regards, elles se retrouvent autour d’une envie de créer et d’échanger “sans filtre” autour de leur pratique.

 

Qu’est-ce qui vous a mené à devenir photographe professionnelle ?

J’ai eu plusieurs vies. J’ai été infirmière en bloc opératoire pendant 15 ans tout en faisant de la photo et de la vidéo en parallèle. Ensuite, je me suis formée aux ateliers Varan et maintenant je suis réalisatrice et photographe. Je travaille autour de la différence faciale, du handicap, de l’identité.

 

Comment des femmes photographes de Nantes, Saint-Etienne, Paris, Roanne, Villeneuve-sur-Lot ou Montpellier en viennent à se rassembler en collectif ?

On était presque toutes chez Hans Lucas mais on ne se connaissait que par les images qu’on crée. C’est une agence de plus de 600 photographes, mais finalement, personne ne se voit vraiment. Un petit groupe s’est formé sur Messenger avec les femmes de l’agence et un jour, Agathe Catel et Véronique Popinet ont lancé l’envie de se rencontrer. On était huit à répondre et on s’est retrouvé chez Véronique Popinet vers Roanne. On avait toutes le désir d’échanger, d’avoir le regard des autres, de discuter autour de projets communs.

 

Vous avez chacune des sensibilités et des profils différents, qu’est-ce qui vous a rassemblé ?

Annie Gozard fait de la photographie de mariage, Clara Pauthier est chef opératrice, Agathe Catel est chanteuse. On est vraiment huit femmes différentes, avec des parcours singuliers et on est toutes un peu cash. On s’est dit, on va faire de l’éditing de photos, il ne faut pas qu’il y ait de filtre, il faut qu’on puisse se dire les choses pour avancer ensemble. C’est comme ça que Sans filtre est né au printemps 2022.

 

Comment faites vous vivre ce collectif ?

On se retrouve à peu près deux fois par an. Entre deux, on fait des visios, on se montre nos travaux. Ce sont des amitiés qui se créent. Et le fait d’être entre femmes a a aussi permis à certaines d’avoir une parole plus libérée.

 

Une relation particulière naît entre vous ?

Grâce à ça, on se sent moins seule, on peut échanger, s’entraider, se motiver. Et ça permet aussi de créer de nouvelles choses avec nos différentes compétences. Par exemple, suite à un travail de Véronique Popinet sur l’héritage culinaire des femmes moldaves, avec Clara Pauthier, on s’est tout de suite dit qu’il faudrait en faire un documentaire. On est donc allé trois semaines en Moldavie. Moi j’étais réalisatrice, Clara était chef opératrice, Véronique faisait le son et on avait aussi une traductrice. On est parti d’un projet photo pour l’étendre vers d’autres médiums.

 

Est-ce que ces deux ans et demi d’existence ont fait naître l’envie de projets imaginés et portés par le collectif ?

Tous les ans, on fait un projet autour de l’été : qu’est-ce que représente cette saison pour chacune et dans la société. Il y a six mois, lors de notre dernière rencontre, on a souhaité lancer un sujet un peu plus profond autour du roman Ravages de Barjavel. Partir d’un livre, ça permet d’ouvrir sur les univers de chacune, les regards des autres. On souhaitait parler des nouveaux paysages du 21e siècle, et plusieurs ont pensé à ce roman qui est un bon point de départ : autant pour des personnes qui sont dans la photo très documentaire que d’autres qui ont un langage un peu plus poétique.

 

C’est un choix engageant qui s’ajoute à vos travaux respectifs ?

C’est sûr, ça prend du temps et on se rend aussi compte que ce n’est pas évident de faire des travaux collectifs : de les mettre en place, de tomber d’accord sur un sujet, sur une manière de faire. Surtout, c’est important de garder un lien régulier pour ne pas perdre l’énergie. En septembre, on va en reparler, à l’occasion de notre prochain temps ensemble sur l’île d’Oléron. Chacune devra présenter son sujet autour de ce projet et voir si ça parle aux autres. Et on rediscutera aussi forcément du collectif, parce que c’est toujours un peu en création. Évoquer les attentes de chacune, les directions. On essaie de ne pas se prendre la tête mais de faire vivre ce collectif qui nous apporte humainement, artistiquement, professionnellement.

 

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