Si la photographie africaine des années 1950 à 1970 a, depuis les années 1990, connu un intérêt considérable dans le monde – de nombreuses expositions et publications lui sont consacrées –, cet intérêt ne s’est pas ou peu accompagné d’une volonté de sauvegarder des fonds mis à jour. Sans doute quelques expériences ponctuelles ont-elles été réalisées çà et là, mais trop d’entre elles restent limitées par rapport à l’énormité des besoins. En effet, une partie très importante de certains fonds est en danger. Les clichés sont conservés dans la poussière, la chaleur et l’humidité, sans conditionnement spécifique. Il en résulte que de nombreux clichés ou plaques de verre sont inutilisables et définitivement perdus. Si rien n’est fait, ce processus va s’accélérer inéluctablement. Et pourtant, l’importance de ces fonds, leur intérêt historique et artistique se confirment tous les jours, et leur traitement ne peut se limiter à la réalisation de quelques expositions et publications de clichés sélectionnés, même si ces opérations comportent des avantages certains pour leurs acteurs et pour le public. Ces fonds, par les informations qu’ils induisent sur les modes de vie et les goûts qui avaient cours durant les années concernées, par leur qualité artistique aussi, constituent un véritable patrimoine artistique et historique. Ils constituent aussi un témoignage irremplaçable sur cette période-clé de l’histoire de la photographie africaine qui a vu, entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et le milieu des années 1980, le triomphe et le déclin d’un art du portrait en noir et blanc.
C’est pourquoi, le Musée national, grâce à l’appui du FSP (Fonds de solidarité prioritaire), a mis en place un projet dénommé « Mali archives photo ». L’objectif est de mettre en place un cadre propice à la conservation, la numérisation et la documentation des fonds photographiques au Mali. Dans sa phase pilote, le projet travaille sur les fonds de trois photographes privés : Malick Sidibé, Abderramane Sakaly, Soungalo Malé, sur une base de cinq cents clichés par photographe. En liaison étroite avec les familles des photographes, qui ont désigné chacune une personne qui est formée dans le cadre du projet, l’équipe procède à l’inventaire des clichés, à leur nettoyage et leur conditionnement adéquat, leur numérisation et leur documentation. Une base de données a été créée qui pourra être consultée en ligne ultérieurement. Une sélection de clichés, issue de la première phase de ce travail, a été retouchée pour le besoin de l’exposition présentée dans le cadre de cette biennale.
Samuel Sidibé, directeur général du Musée national du Mali
Exposition patrimoniale
Mali Archives Photo
Soungalo Malé, Abderramane Sakaly, Malick Sidibé
Commissariat : Samuel Sidibé, SokonaTounkara et Laura Serani