Une sélection par Irène Attinger d’ouvrages en vente à la librairie de la MEP, qui, en raison de leur originalité, de leur qualité éditoriale et/ou de l’importance de leur contenu, participent de l’image de l’édition photographique internationale.
• Gente x Mato – Pedro Martinelli
Jaraqui, Sao Paulo, 2008
Bien que représentant 60 % du territoire national, l’Amazonie semble toujours être hors de la carte du Brésil. La plupart des Brésiliens ne l’ont jamais visitée. Dans leur imaginaire, l’Amazonie est toujours un mélange complexe de légendes et de clichés exotiques, de crimes et de controverses environnementales. En 2008, le déboisement de l’Amazonie a occupé chaque semaine les pages de journaux et des magazines.
Le livre de Pedro Martinelli est une invitation à connaître l’Amazonie réelle. Son point de départ est 1970, l’année du début du grand projet d’occupation de la forêt, sous la direction des militaires alors au pouvoir. Cette même année, Pedro Martinelli s’engage dans une expédition pour contacter les Indiens Panará. Depuis, il n’a pas arrêté de voyager pour documenter la vie de la plus grande forêt du monde, qui voit ses frontières être rongées petit à petit.
Le livre présente, dans un format tabloïd, 168 photographies prises entre 1970 et 2008.
• Gomorrah Girl – Valerio Spada
Twin Palms Publishers, Santa Fe, 2014
Annalisa Durante, une adolescente de 14 ans, est tuée lors d’un règlement de comptes mafieux. Elle bavardait avec un jeune homme, en fait un caïd de la Camorra napolitaine, lorsque deux hommes s’approchent et ouvrent le feu sur celui-ci qui riposte, tuant accidentellement la jeune fille. Au cours des mois suivants, Valerio Spada a passé son temps essayant de comprendre la vie de la jeune Annalisa. Il est dangereux de devenir femme dans des quartiers comme ceux de la Vela Rossa and la Vela Blu près de Naples. À 9 ans, les filles se comportent comme les personnages de TV qu’elles rêvent de devenir. À 13 ou 14 ans, très souvent, elles deviennent mères, sautant l’adolescence.
Conçu avec l’artiste hollandais Sybren Kuiper, le livre donne une impression de maladresse, il faut le tourner de côté pour regarder les images. Ce dispositif est remarquablement efficace pour signifier le monde de violence dans lequel des fillettes passent sans transition à l’âge adulte.
• Boulton Moderno (1928-1944) – Alfredo Boulton
RM Verlag, Barcelone, 2014
Le critique d’art, historien et photographe Alfredo Boulton (1908–1995) a été une figure majeure de la scène artistique et culturelle du Venezuela des années 1930. Il est aussi connu pour son rôle de mécène. Néanmoins, son travail photographique, concentré surtout sur le peuple, les paysages, l’art et l’histoire du Venezuela, est peu connu. En plus de ses propres maquettes de livres qu’il considérait comme des outils de travail, on découvre, dans cette monographie, ses expérimentations avant-gardistes, ses portraits et ses paysages, comme autant de témoignages de l’histoire, du folklore et des coutumes des populations d’Amérique latine.
• Christian Coigny, 40 ans de photographies – Christian Coigny
Ides et Calendes, Lausanne, 2014
Le noir et blanc et la lumière sont, pour Christian Coigny, l’objet d’un véritable culte. Ses photos sont un hommage au corps de la femme et de l’homme. Elles rendent aussi hommage à la vie silencieuse des objets. Un climat particulier imprègne ses prises de vue : rues vides, piscines publiques ou autres espaces urbains déserts, n’étaient-ce des personnages solitaires vus de dos. Ce livre, qui comblera les amateurs, est le cinquième consacré à son travail.
« Le noir et blanc est la grammaire de la photographie alors que la couleur reste le sujet avant tout. La lumière et l’ombre représentent des états d’âme. Ils indiquent le moment de la journée, un cadre temporel d’un souvenir. D’ailleurs, on m’a dit un jour qu’un nouveau-né ne voit qu’en noir et blanc : serait-ce la nostalgie profonde d’aimer ce qu’on a vu la première fois ?
• Songbook – Alec Soth
Mack, Londres, 2015
Connu pour ses portraits obsédants d’Américains solitaires dans la région du Mississippi, Alec Soth a tourné son objectif vers la vie associative américaine. Pour favoriser sa recherche, il a assumé le rôle de plus en plus obsolète de journaliste localier. De 2012 à 2014, il voyage d’État en État travaillant à son journal autoédité, The LBM Dispatch, ainsi que comme pigiste pour le New York Times et d’autres journaux. Du nord-ouest de l’État de New York à la Silicon Valley, Alec Soth assiste à des centaines de réunions et de festivals dans une quête de l’interaction humaine à l’ère des réseaux sociaux virtuels.
Avec Songbook, Alec Soth permet à ces images de dépasser un contexte anecdotique pour mettre en évidence le désir de retrouver des racines. Fragmentaire, drôle et triste, le Songbook est une description lyrique de la tension entre l’individualisme américain et le désir de communauté.
INFORMATIONS
Bibliothèque & librairire
Maison européenne de la photographie
5/7, rue de Fourcy
75004 Paris
01 44 78 75 44
[email protected]
www.mep-fr.org