Après “Ritratti, Torino” présentée aux Rencontres d’Arles 2012, “L’Or gris” est la nouvelle série de la jeune photographe Aurore Valade. A travers cette série Aurore poursuit son voyage dans la sémantique visuelle et nous propose un autre sens de l’histoire qui même vieux nous laisse vifs et bien vivants, une réflexion sur ce que nous sommes et ce que nous contenons de vie affranchie de tout principe de causalité physique. Un couple faisant connaissance avec jeu et passion, une femme prenant plaisir à être elle-même à l’air libre, l’inquiétante différence des vrais jumeaux, la maternité éternelle, les décideurs de toujours, des enfants jouant à être vieux, les élixirs de vie… Aurore Valade change les lois du temps et nous propose d’observer les clichés de notre époque à travers une petite histoire d’éternité. La photographe utilise tous les moyens de mise en scène, composition, optique, lieux, places, objets, sujets, expressions… rien n’est fortuit, tout est maîtrisé sémantiquement et techniquement. Signes et indices sont placés, construits, réfléchis, référencés, et contribuent à créer la 3e dimension de l’image qui nous permet de faire vivre l’histoire dans notre imagination captivée. Née en 1981, Bourse du talent en 2005, de la Quinzaine photographique nantaise en 2006 et de la Fondation HSBC pour la photographie en 2008 Aurore a déjà un corpus artistique très étoffé. Elle a effectué de nombreuses expositions personnelles et collectives en France et à l’International, publié plusieurs ouvrage, enseigne, obtenu plusieurs prix, bourses et résidences… Elle est soutenue par la Galerie Gagliardi Art system à Turin depuis plusieurs années.
D’où vient votre photographie ?
Aurore Valade : Je suis photographe mais j’aurai pu être scénographe, décoratrice, metteur en scène, réalisatrice, chorégraphe. L’acte photographique me permet d’endosser tous ces rôles à la fois.
Quand a lieu l’instant décisif pour vous ?
A.V : Il n’y a pas d’instant décisif pour moi mais un geste décisif, un moment où l’attitude et le geste de mes modèles intègre ou prolonge l’architecture et le décor de la prise de vue. Je n’hésite pas à travailler les poses en amont et à utiliser le photomontage pour recomposer une attitude qui est la somme de ces gestes décisifs.
Quelle(s) tendance(s) poursuivez-vous ?
A.V : J’ai effectué au préalable de cette série une recherche iconographique sur la représentation de l’âge. Si certaines de mes images revisitent des peintures classiques comme Le vieil homme et l’enfant de Ghirlandaio ou la thématique de la Charité romaine, je me suis aussi inspirée de la représentation contemporaine du sénior comme on peut le trouver dans certaines banques d’images aujourd’hui : beautés ridées aux cheveux blancs vêtues de clairs dans des espaces lumineux. Ces seniors là sont actifs, libres, amoureux, mènent une vie saine et offrent une image stéréotypée mais positive de l’âge. Certaines photographies de la série sont aussi l’occasion d’aborder des questions et tendances sociétales actuelles telles que le vieillissement de la société, la maternité en âge tardif, notre rapport à l’eau, l’Afrique noire face à la vieille Europe.
Quelle est l’histoire de cette série ?
A.V : J’ai eu mon premier cheveux blanc. J’ai entendu qu’en 2050 une personne sur trois aura plus de soixante ans. J’ai vu des gens âgés magnifiques et épanouis, des jeunes désespérés pour leur futur. J’ai eu envie de travailler sur le temps et le vieillissement sans doute pour conjurer la peur.
EXPOSITION
Aurore Valade: L’or gris
Commissariat Maria Cristina Strati
Du 15 mars au 27 avril 2013
Gagliardi Art System Via Cervino 16
10155 Torino
Italie
Tel. +39.011.19700031
Fax. +39.011.19700032
Ouvert du mardi au samedi de 15.30 à 19.00.
La série sera présentée sur le stand de la Galerie pendant Art Paris (Grand Palais) du 28 mars au 1er avril 2013.
REPRESENTATION
PICTURETANK – Marta Niedzwiecka www.picturetank.com
Propos recueillis par Séverine Morel