La photographie en fait est par essence une cause humanitaire : photographier et voir, c’est comprendre et participer au monde.
Au crépuscule d’une nuit chaude de juillet, débarqué de l’autre monde, je rencontre pour la première fois les Xikrin du Kateté si bien illustré par René Fuerst dans son livre Hommes-oiseaux d’Amazonie (1).
Karengré, chef du Djudjekô, nous reçoit fraternellement le docteur (2) et moi. II nous fait part de sa préoccupation sur la situation sanitaire des villageois et la dégradation de la réserve indigène du Kateté exploitée par l’industrie minière. Nous compatissons. Immergés dans la cérémonie du Mérérèmeit (3) sous ce troisième croissant de lune, nous ressentons les tensions néanmoins bercées par les chants de ces femmes et de ces hommes.
Aurélien Fontanet
1 Hommes-oiseaux d’Amazonie, René Fuerst, 5 Continents Eds.
2 Dr. João Paulo Botelho Vieira Filho, Reminiscências de um médico…durante 53 anos (1965 – 2018), Editora Kleps.
3 Cérémonie de l’imposition des noms.
«Des guerriers vivaient dans le ciel. Un jour, pendant une partie de chasse un tapir fugace sauta dans un trou formé dans les nuages. Ceux qui étaient suffisamment vaillants poursuivirent cet animal en se jetant dans le vide. Ils atterrirent sur terre et devinrent le peuple Xikrin.» – Mythe Kayapo raconté par le cacique Boitié Village Djudjékô, Etat du Para, Brésil, 2014
Le projet S11D de la compagnie VALE se vante d’être parmi les plus grands projets miniers de la planète. Le peuple Xikrin qui occupe la région depuis plus d’un siècle souffre des effets causés par l’exploitation minière et l’expropriation de ses terres. Le rejet des déchets toxiques dans les fleuves Kateté et Itacaiunas met en danger ses habitants et l’avenir de la tribu.