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Atelier EXB – Collection TXT : Puis-je garder quelques secrets ? Entretiens avec Henri Cartier-Bresson

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À l’occasion des vingt ans de la Fondation Henri Cartier-Bresson, cet ouvrage célèbre l’un des photographes français les plus reconnus, à travers une sélection de 41 conversations qu’il a menées tout au long de sa carrière, entre 1951 et 2003. Rétif aux entretiens cherchant à percer les mystères de son talent, Henri Cartier-Bresson en a finalement beaucoup donnés. Cette sélection de textes, dont certains méconnus ou inédits, parmi lesquels plusieurs interviews radiophoniques ou vidéos, restitue son esprit fin et provocateur, plus enclin à évoquer la peinture ou la littérature que la photographie pure et simple.

Puis-je garder quelques secrets ? est le cinquième titre de la collection TXT, dirigée par Agnès Sire.

Henri Cartier-Bresson fait partie de ces artistes qui ont beaucoup écrit sur leur travail et la photographie en général. Il s’est à la fois entretenu avec des personnalités du monde de l’art et des journalistes spécialisés dans l’optique d’explorer, de questionner le médium et c’est à travers ses entretiens qu’il met en forme sa pensée et théorise la photographie, ses différents enjeux et pratiques. Ces entretiens témoignent à la fois de la vie et de l’œuvre tout en offrant des clefs de lecture sur son approche esthétique. Ils montrent également l’évolution de sa pensée sur la photographie et sur la relation qu’il entretient avec le cinéma, le dessin et la peinture. Ce recueil pose un nouveau regard sur cet artiste et penseur d’exception. Il est illustré par une sélection d’une trentaine de photographies et dessins d’Henri Cartier-Bresson.

 

Interview d Agnès Sire, directrice de la collection TXT

Le cinquième volume de la collection TXT, consacré à Henri Cartier-Bresson, paraît cet automne et coïncide avec le 20e anniversaire de la Fondation HCB, dont vous avez été la directrice générale, puis la directrice artistique jusqu’à la fin de l’année 2022. Vous aviez en tête ce projet éditorial depuis longtemps ?

Cela fait partie des missions de la Fondation HCB d’organiser les archives et ce projet, effectivement, a été lancé il y a plusieurs années déjà. L’idée était de laisser du temps aux équipes afin qu’elles réunissent un maximum de documents, qu’ils soient écrits ou audiovisuels, et qu’elles retrouvent tous les éléments qui pouvaient éventuellement manquer en plus de ce dont on a hérité quand la Fondation a été créée, en 2003. C’est grâce à ce travail que l’on a pu faire un livre le plus exhaustif possible.

 

Cet ouvrage est un recueil d’entretiens donnés par Henri Cartier-Bresson. Pourquoi avoir choisi cette forme de l’entretien ?

Je pense qu’il ne fallait pas mélanger les écrits d’Henri Cartier-Bresson, déjà publiés dans Images à la sauvette et dans L’imaginaire d’après nature, et ses interviews. D’autant que ces entretiens sont les plus conséquents et les plus éclairants. Ils permettent de mieux saisir le personnage parce que ce qu’il raconte au début de ce livre sur la photographie n’est pas du tout la même chose que ce qu’il exprime à la fin. Nous avons ainsi sélectionné 41 entretiens qui s’étalent des années 1950 jusqu’au début des années 2000. Cet ouvrage a pour titre Puis-je garder quelques secrets ? et vous écrivez, dans votre texte d’introduction, qu’Henri Cartier-Bresson était « rétif aux entretiens cherchant à percer les mystères de son talent, ce qui ne l’a pas empêché de donner bon nombre d’interviews ».

 

Comment expliquez-vous cette contradiction ?

J’ai connu Henri Cartier-Bresson en mai 1980, lorsque je suis entrée à Magnum Photos. Il avait beaucoup de livres et d’expositions qui lui étaient consacrées, il était donc très sollicité. J’ai passé mon temps à lui proposer des entretiens et il passait le sien à dire non avant de finir par accepter pour certains d’entre eux. Il a eu une très longue vie, il a été un pionnier d’une certaine photographie du réel mais qui ne cherche pas à documenter, donc c’était tentant et intéressant de l’interroger. On peut aisément voir dans les entretiens qu’il est passé, au début, d’une position corporatiste à un point de vue plus personnel à la fin de sa vie. Quant au titre, il fait référence à un entretien – que nous n’avons pas retenu – et qui se termine sur cette phrase : « Puis-je garder quelques secrets ? ». Il faut savoir, par ailleurs, que la plupart des interviews n’avaient pas de titres, à l’époque. Pour cet ouvrage, nous avons décidé d’en rajouter en prenant des citations des entretiens. Certains sont assez drôles et d’autres plus provocateurs.

 

Comment avez-vous procédé pour sélectionner les 41 entretiens qu’il a donnés, ainsi que pour les photos qui les accompagnent ?

Avec Aude Raimbault et Léa Thouin de la Fondation, nous avons rassemblé tous les entretiens. Nous les avons lus et relus. Clément Chéroux, son nouveau directeur, ainsi que Jordan Alves, l’éditeur de l’Atelier EXB, s’en sont emparés également afin de nous aider à procéder par élimination avant que je fasse la sélection finale, sachant que nous avions une limite en termes de pagination. Quant aux photos, nous les avons choisies en fonction des parutions dans la presse à l’époque, de certaines phrases où Henri Cartier-Bresson évoque une image en particulier, ou encore de la thématique abordée dans ces entretiens. Mis à part une ou deux, qu’il a prises pendant la Seconde Guerre mondiale et qui ne sont pas connues, la plupart ont déjà été publiées.

 

Vous-même qui avez longtemps et régulièrement dialogué avec Henri Cartier-Bresson, qu’est-ce que vous avez, d’abord, envie de retenir sur le fond de ces entretiens ?

Il n’y a pas un artiste qui a mieux défini qu’Henri que voir est un tout. C’est une phrase qu’il avait prononcée et qui est le titre que Clément Chéroux avait choisi pour son petit recueil de douze entretiens, publié par le Centre Pompidou, en 2013, à l’occasion de la grande rétrospective de HCB. Pour moi, un grand photographe, c’est quelqu’un qui aime la littérature, la peinture, la sculpture et qui s’en nourrit. Quand on parlait photo avec Henri, il répondait Bonnard, Proust, Chateaubriand. Voir est un tout, ça lui ressemble tellement ! On perçoit tout de suite sa sensibilité et sa grande curiosité, surtout. N’oublions pas qu’il est devenu photographe un peu par hasard et qu’il était rétif à toute forme de documentation.

 

Le dernier entretien de Puis-je garder quelques secrets ? est imaginaire puisqu’il est paru en 2008 dans La Gazette de l’hôtel Drouot, soit quatre ans après la mort d’Henri CartierBresson. Est-ce un clin d’œil au livre L’imaginaire d’après nature, qui regroupait des écrits d’Henri Cartier-Bresson ?

Non, pas spécialement. C’est avec Jordan Alves que nous avons retenu cette idée de finir le livre avec cet entretien, mais j’ai toujours remarqué que cette revue de Drouot publiait des articles de qualité. On peut voir que son auteur, Dimitri Joannidès, a bien étudié le personnage. Il n’y a pas de contre-vérités, et il y a des phrases qu’Henri aurait pu prononcer lui-même. Je pense qu’il aurait bien ri s’il l’avait lu. C’est comme s’il n’avait pas dit son dernier mot.

 

Henri Cartier-Bresson (1908-2004) développe très tôt une forte fascination pour la peinture. En 1931, après avoir passé un an en Côte d’Ivoire, il découvre le Leica. Il expose pour la première fois en 1933 à la galerie Julien Levy de New York. Il voyage en Europe, au Mexique puis aux États-Unis, et commence à s’intéresser à la réalisation de films. Il collabore avec Jean Renoir en 1936 et 1939 et réalise dans la même période trois documentaires sur la guerre en Espagne. Prisonnier en 1940, il s’évade en février 1943 et rejoint alors le Mouvement national des prisonniers de guerre et déportés. Il tourne en 1945, Le Retour, un documentaire sur le rapatriement des prisonniers de guerre et des déportés. Le MoMA de New York lui consacre une exposition en 1947, et c’est cette même année qu’il crée, avec Robert Capa, David Seymour, George Rodger et William Vandivert, l’agence Magnum Photos. Il passera trois ans en Asie et documentera l’arrrivée au pouvoir des communistes en Chine. En 1954, il est le premier photographe admis en URSS depuis le début de la guerre froide. Il effectue par la suite de nombreux voyages, et décide en 1974 de se consacrer au dessin. Henri Cartier-Bresson est l’auteur de nombreux livres fondateurs, notamment Images à la sauvette (Verve, 1952). En 2003 s’établit à Paris la Fondation Henri Cartier-Bresson, créée avec son épouse la photographe Martine Franck et leur fille, Mélanie. Cette fondation a pour mission de faire rayonner leurs œuvres et de soutenir la création artistique.

 

TXT, une collection de textes sur la photographie

Cette collection d’ouvrages, dirigée par Agnès Sire, est dédiée à la réflexion autour de l’image, de l’évolution du médium photographique par le biais d’écrits d’artistes, d’entretiens, d’essais critiques, de biographies… Depuis son invention, la photographie a suscité un grand nombre d’analyses de la part des artistes eux-mêmes, comme des critiques ou historiens de la photographie ainsi que d’autres disciplines ouvrant sur des points de vue inédits. L’évolution du médium, comme pour toute forme d’expression artistique, se nourrit de ce vaste champ d’exploration. Les textes de la collection font écho à la création, l’analyse, la questionne et la dévoile parfois dans une volonté de mettre en avant un état actuel de la recherche à travers des approches à la fois historiques et contemporaines. Cet objectif de transmission est au cœur de la collection qui a pour vocation de proposer des ouvrages de référence sur la photographie et les arts visuels au sens large, au contenu scientifique à la fois pointu et accessible à un large public.

Ouvrages déjà publiés dans la collection TXT :
– Clément Chéroux, La Voix du voir Les grands entretiens de la Fondation Henri Cartier-Bresson (2019)
– Wright Morris, Fragments de temps (2019) Première traduction en français des écrits sur la photographie de l’américain Wright Morris.
– Alain Bergala, Écrits sur l’image (2021) Recueil rassemblant une sélection textes d’Alain Bergala sur la photographie à travers les prismes de l’image fixe et de l’image mouvement
– Robert Adams, Pourquoi photographier (2022)

 

Collection TXT dirigée par Agnès Sire

Entretiens Henri Cartier-Bresson
Broché, 14,5 x 21 cm
336 pages
30 photographies et dessins d’illustration N&B
ISBN : 978-2-36511-367-0
Prix : 24 € TTC
https://exb.fr/fr/home/621-puis-je-garder-quelques-secrets-.html

www.exb.fr

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