San Servolo, l’île vénitienne dont on ne ressortait pas en vie.
J’ai découvert cette petite ile de la lagune de Venise lors d’un workshop photos du Venezia International Photo Festival.
Du 18ème au 20ème siècle, elle fût synonyme d’horreur.
Tour à tour couvent, dépositaires à grains et hôpital militaire, elle devient en 1798 l’asile central de la Vénétie, de la Dalmatie et du Tyrol pour tous les aliénés, marginaux, vagabonds et ceux considérés comme déviants.
En 1978 une loi fut approuvée ordonnant la fermeture des hôpitaux psychiatriques sur tout le territoire italien.
Centre multiculturel depuis 1990, il subsiste de ces années de terreur l’ancienne pharmacie (malheureusement fermée pour travaux) et le musée de l’hôpital psychiatrique témoin des sévices et des traitements d’une autre époque.
Mon but photographique n’a pas été de montrer les détails des expériences et des méthodes ancestrales pratiquées au fil des siècles.
Au fil de ma visite, j’ai capté une certaine atmosphère, ressenti de la compassion pour tous ces malades enfermés à tort ou à raison et qui ont malgré eux servis aux expériences d’un corps médical et très religieux peu scrupuleux.
« La folie recluse» triste titre pour un triste musée plongé dans une pénombre qui accentue la lourde déambulation devant les vitrines chargées de récits, de formules médicamenteuses, de chaines et de camisoles.
Sortie un peu perturbée de plus de 200 ans de ce monde inhumain, quel bonheur de surprendre la jolie silhouette de notre assistante Benedetta, qui semblait se hâter d’échapper à ce monde de fous !
Astrid Yurdsever
