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Asako Narahashi, Passages incertains

Asako Narahashi est une photographe basée à Tokyo dont le travail a pour sujet principal la relation entre l’eau et la terre. Une grande partie de ses photos sont faites depuis une perspective aquatique, offrant ainsi un point de vue différent et inattendu sur la terre. Regarder les photographies de Narahashi provoque la surprise d’une vision inversée et un sentiment de désorientation. Parallèlement à ses photographies d’eau, Narahashi prend également des photos depuis la terre ferme mais les séries provoquent toutes deux un sentiment unique de distance et d’instabilité. Ces images d’un Mont Fuji iconique prises entre 2003 et 2013 à la fois depuis l’eau et depuis la terre ferme sont un bon exemple des sentiments ambivalents que provoque son travail chez le spectateur, en même temps le mal de mer et une agréable sensation de flottement.

Les oeuvres tirées de ses series Half awake and half asleep in the water, Ever After, Towards the Mountain et Biwako, sont actuellement présentées à la Galerie Ibasho à Anvers. Narahashi a fait ce travail surtout depuis une perspective aquatique, un choix qui renouvelle le genre de la photographie de paysage. Depuis le début du projet en 2001, elle a photographié plus de cinquante sites dans le monde entier avec un appareil photo argentique étanche Nikonos de 35 mm. Narahashi se tient debout dans l’océan, immergée jusqu’à mi-corps, et se tourne vers le rivage, en tenant l’appareil à moitié immergé dans l’eau. En regardant les vagues sans utiliser le viseur, l’artiste calcule ses prises de vue selon les houles de la marée.

Narahashi a commencé à explorer la photographie pendant ses études d’art, et, au milieu des années 1980, elle a rejoint le groupe photographique Photo Session dirigé par le célèbre photographe Daido Moriyama. Durant cette période, Narahashi travaillait uniquement en noir et blanc. Au Japon, le nue est une créature traditionnelle et mystérieuse. C’est un animal imaginaire avec une tête de singe, un corps de raton-laveur , des pattes de tigre et une queue de serpent. Personne n’en a jamais vu parce qu’il s’agit d’un produit de l’imagination. C’est la raison pour laquelle on emploie en japonais l’expression nue-like pour désigner quelqu’un ou quelque chose d’impossible à identifier. L’esprit de nu-e visible dans le paysage du Japon ne peut être capté qu’à travers la photographie, et des années après la mise en oeuvre de cette série, on peut encore ressentir vivement l’émerveillement du monde unique qui s’exprime dans les premiers travaux de Narahashi.

Martin Parr, une autre figure de la photographie contemporaine, décrit dans le livre photo de Narahashi Half awake and half asleep in the water (publié en 2007 par Nazraeli Press à Portland), comment «l’eau» et la «terre» ont constitué deux éléments majeurs de l’histoire du paysage en photographie. Dans son essai, Parr a écrit à propos des photographies de berges qu’a prises Narahashi: « Je n’ai jamais vu jusqu’ici ces deux composantes, terre et eau, assemblées de manière aussi convaincante. » Et « … ce travail démontre parfaitement comment la photographie peut mettre au défi nos paresseuses habitudes de regard. « 

 

 

Asako Narahashi, Rétrospective
7 septembre – 15 octobre 2017
Galerie IBASHO
Tolstraat 67,
20000 Anvers
Belgique

www.ibashogallery.com

 

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