La base du travail d’Andrea Modica est l’amour sensuel qui va de pair avec l’obscurité omniprésente, tant et si bien qu’ils peuvent colorer vos rêves.
Le travail n’est pas désespéré, mais à bout de souffle, comme s’il y avait de la gaze atmosphérique placée sur le larynx afin que la respiration soit adoucie, faite en silence pour marcher sur la corde raide entre la vie exaltée et la mort suffocante. Vous ne pourriez pas mettre le son trop fort. L’équilibre est donc si incertain, tactile et absolument fragile qu’il existe un danger de faire pencher la balance de la mortalité en pleine vue.
Nous entrons dans le travail à travers l’aspect illusoire de deux hommes assis sur le bord d’un bain turc. Un espace rectangulaire, l’un des hommes est nu, l’autre est habillé en veste de sport. L’un regarde en hésitant vers l’avenir, l’autre est en train d’attendre de mauvais augure dans le présent. Ils ont défini le scénario d’un théâtre sombre qui est à venir ; une impulsion vasculaire génère à travers le travail, qui explore en trébuchant les aspects de la vie qui ne sont pas sûrs du tout. C’est peut-être cette douce impulsion qui sépare ce travail de l’art. Beaucoup parmi les compositions sont artificielles et exquisément devinées, mais ici il ne s’agit pas de l’art. L’art, dans sa tendance à la promiscuité banalisée, ne demeurera pas facilement sur le bord de la chaleur et un possible décès.
Rien ne disparaît ici ; c’est dans votre visage, mais sans être frontale, cela se détend et vous permet d’être séduit(e) par des significations qui ne sont pas à comprendre.
Mystère imprègne mais les images ne sont pas à ce propos ; ce serait une dédaigneuse intention. Modica ne s’arrête pas sur quelque chose de banale: elle va droit au but..
Mais à quoi bon? Le spectateur est constamment suspendu(e) entre un futur tendu et un passé redoutable, entre un désir sensuel et une patine limpide.
Ceci est un travail qui a un bord tout doux, mais qui rugit comme un corbeau pondérée dans son insistance à la transcendance. Volant à basse altitude, gémissant, aimant, tenant le plus profond des chers sentiments, mais sans significations sentimentales d’attache… Tout est suspendu, sauf que c’est lourd en même temps… Ce n’est pas un travail facile, ni dur.
Mais pour essayer de comprendre où cela vous mène, c’est de se laisser aller du préambule à ce que les choses sont censées être. On marche tout simplement à travers le temps dans l’obscurité et dans les sens; l’horloge n’a pas de mains, la lumière s’allume, mais ne décrypte pas. Rien n’est comme il se doit, mais dans cela s’applique le présent, le passé informe l’avenir et nous permet une certaine incertitude de frémissement que nous allons appeler « l’être », être ici, être ici maintenant.
Étonnamment, de temps en temps, il y a une innocence qui flotte à la surface de votre cœur. Sortant de l’obscurité, un clin d’œil de ravissement apparaît. Pas exactement un invité inattendu à la table, mais un qui soit agréable et un qui détient le travail dans un certain équilibre, en nous informant que dans les préoccupations profondes de la mortalité il y a un assortiment bouillonnant d’impulsions qui permet à la vie de se faire sentir dans son ensemble. Être suspendu à l’intérieur en s’étonnant fait partie du chant craintif d’un oratorio, en donnant de la crédibilité à toutes les parties du travail et en organisant le son, comme s’il était symphonique, plutôt qu’un simple chant funèbre.
Larry Fink
LIVRE
As we wait
Photographies d’Andrea Modica
Texte : Larry Fink.
2015
Anglais
1ère édition : 500 exemplaires
24.5 x 30.5 cm
72 pages
48 Photographies
38,00 €