Fasciné par la peinture de la Renaissance, le Français Ronald Martinez développe depuis dix ans une œuvre photographique qui restitue le mystère, la profondeur et les contrastes saisissants des maitres du clair-obscur. La nudité des modèles, les références aux thèmes religieux et profanes de l’art classique brouillent encore davantage la frontière entre photographie et peinture, sans jamais se laisser aller au pastiche ou à la copie.
L’influence du Caravage, avec ses clairs-obscurs bouleversants, est sans doute ce qui frappe en premier dans les compositions de Ronald Martinez. Mais l’artiste parle avec la même passion de l’effet qu’exercent sur lui les tableaux de Léonard de Vinci, de José de Ribera et de Johannes Vermeer. Nus Divins : Hommage à la Peinture Italienne, le nom de la série qui l’a fait connaître, précise ce qui constitue depuis dix ans la toile de fond sa création artistique.
En se confrontant à ces maîtres, l’artiste cherche à retrouver la même émotion qu’il ressent en contemplant leurs œuvres. Et si ses photographies créent un écho avec la peinture des XVI et XVIIe siècle, ce n’est pas en reproduisant ses chefs d’œuvre mais en puisant dans son vocabulaire à la fois pictural, symbolique ou thématique. Des images de vierge à l’enfant, de descente de croix ou de piéta s’invitent dans l’esprit de l’observateur – lorsque ce n’est pas une tête de Méduse ou une Vénus au miroir – mais cet écho renvoie bien davantage à un type de représentation qu’à un tableau en particulier.
De même pour le clair-obscur. Nourri de l’étude des tableaux des maîtres du genre, Ronald Martinez parvient à restituer avec virtuosité le modelé de la lumière et des ombres, la profondeur du noir et la subtilité des contrastes sur ces corps qui émergent doucement de la pénombre. Il photographie dans l’obscurité totale, avec une seule source lumineuse qu’il déplace et réoriente jusqu’à trouver cette mise en lumière à la qualité si picturale. Le photographe parle de cette recherche comme celle d’un secret ou d’une énigme mathématique qu’il s’emploie à percer.
Les sessions de prise de vue sont pour Ronald Martinez un moment de liberté créative et de spontanéité, tout entier orienté vers cette recherche de perfection. Spontanéité et non improvisation : la recherche de modèles, qui doivent correspondent aux canons de beauté de la Renaissance, exige un important travail de préparation. Avant chaque prise de vue, il consulte avec eux des catalogues d’exposition pour initier un premier échange et faire émerger des idées de poses, d’expressions, ou d’interaction avec un objet (un crâne, un miroir ou un crucifix). Chaque nouvelle image est le fruit de cette alchimie créée dans l’instant de la prise de vue.
Tout se joue dans cet instant car, de la même manière que l’artiste commence chaque séance sur une page blanche, il n’effectue aucun traitement en post-production. Il s’agit pour lui de révéler une émotion présente dans l’intensité du moment, sans artifice, simplement au travers de la lumière en lutte avec l’obscurité.
C’est en cela que ses photographies touchent au sacré : la nudité de ces corps qui se détachent de l’obscurité nous renvoie à la fois à notre condition primitive et aux circonstances de notre venue au monde. Leur beauté, empreint à la fois de force et de fragilité, ne tient plus seulement aux caractéristiques physiques des modèles : c’est une beauté universelle, qu’il appartient à chacun de nous, à l’instar de l’artiste, de chercher à révéler.
Au sujet de l’artiste :
Après une formation en photographie au Studio M de Montpellier, Ronald Martinez (Annecy, 1978) travaille comme photographe-reporter au Midi Libre, puis comme photographe de plateau dans le théâtre et dans le cinéma. Le galeriste italien Maurizio Nobile, spécialisé en peinture, découvre ses premiers nus et l’invite en 2012 à participer à une résidence artistique à Bologne afin de poursuivre ses recherches sur le clair-obscur. Dès lors, les expositions s’enchaînent dans des galeries et des foires d’art (Arte Fiera à Bologne, MIA à Milan) et ses œuvres rejoignent de nombreuses collections privées. En 2019, l’une de ses photographies est présentée au centre d’art contemporain Villa Noailles de Hyères, à l’occasion de l’exposition Love My Way. Ronald Martinez vit et travaille à Versailles, France.
Plus d’informations :
Biographie, interview-vidéo et portfolio de Ronald Martinez sur le site de la galerie Artistics.