Armineh Johannes est une photojournaliste humanitaire/documentaire. Elle nous envoie son reportage en Arménie sur les deplacés d’Artsakh (H. Karabagh) qui a la suite de l’epuration ethnique vivent en Armenie maintenant.
Les déplacés d’Artsakh(Karabagh)
J’ai commencé à voyager en Arménie a partir de 1989. Je suis d’origine arménienne (née en Iran) ; j’ai continué à voyager régulièrement en Arménie pour photographier la vie des Arméniens. Je me suis rendu plusieurs fois en Artsakh (H. Karabagh) à partir de 1990 et j’ai couvert le premier conflit avec l’Azerbaïdjan qui s’est terminé en 1994. Lors de mes voyages en Artsakh, en tant que photojournaliste documentaire, j’ai également photographié des moments de leur vie quotidienne.
Entre le 19 et le 20 septembre 2023, après 9 mois de blocus qui avait privé la population de l’Artsakh de nourriture, de médicaments et de tous autres d’enraies, l’Azerbaïdjan a lancé une offensive militaire de grande envergure contre l’Artsakh (Karabagh), ce qui constituait une violation de l’accord de cessez-le-feu signé en 2020.
La guerre de septembre 2023 a conduit au nettoyage ethnique de la population de l’Artsakh ; Craignant pour sa vie, la population a commencé à quitter l’Artsakh (Karabagh), où les Arméniens vivaient depuis 7 000 ans, et en quelques jours seulement, l’Artsakh (Karabagh) a perdu toute sa population arménienne. J’ai décidé de suivre un maximum de personnes dans les différentes régions d’Arménie où elles avaient été déplacées et réinstallées, afin de leur parler et d’essayer de raconter leur histoire à travers mes photos. Ce fut un voyage très émouvant pour eux et également pour moi en tant que photographe ; parfois, je pleurais avec eux en prenant leurs photos.
La totalité des 106 000 habitants de l’Artsakh sont aujourd’hui déplacés et vivent dans différents villages et villes d’Arménie, après avoir abandonné leurs terres, leurs maisons, leurs voitures, leur bétail….. pour sauver leur vie, ils sont partis précipitamment dans les vêtements qu’ils portaient, et ne pouvait emporter rien d’autre avec eux. Même si la plupart des personnes que j’ai photographiées étaient très émues et très attristées en parlant de leur départ douloureux, chacune d’entre elles a exprimé son espoir et le désir de retourner dans leur terres ancestrale. À travers mes photographies, j’ai essayé de capturer leurs émotions, leurs souffrances et peut-être une lueur d’espoir dans leurs yeux, même si l’avenir leur paraissaient incertain……
Biographie
J’ai grandi à Téhéran, Iran, où j’ai développé un intérêt précoce pour la photographie dès l’âge de 12 ans lorsque j’ai reçu un appareil photo instamatic en cadeau.
Après avoir achevé la moitié de mes études secondaires à Téhéran, je me suis rendue en Angleterre en 1970 pour les terminer et poursuivre des études supérieures où j’ai obtenu un diplôme de journalisme.
De retour en Iran, j’ai entamé ma carrière en tant traductrice et puis assistante reporter, collaborant avec des médias tels que UPITN, les chaines de télévision américaines CBS et ABC, pendant une période cruciale de l’histoire iranienne marquée par la Révolution de 1979. En 1979, j’ai été l’une des cinq co-fondatrices du quotidien « Tehran Times ». Cependant, environ un an après sa création, le journal a été repris par l’État. Durant l’été 1980, juste avant le déclenchement de la guerre Iran-Irak, j’ai décidé de m’installer en France. J’ai d’abord étudié la langue française à Vichy, puis j’ai poursuivi mes études à Aix-en-Provence, où j’ai obtenu une Licence en Histoire à l’Université d’Aix-Marseille, et plus tard une License d’Anglais.
C’est en 1987 que j’ai commencé ma carrière de photographe avec mon premier voyage au Maroc et dans le Haut Atlas. En 1989, au jour anniversaire du tremblement de terre en Arménie, (du 7 décembre 1988) je me suis rendue en Arménie pour la première fois pour prendre des photos dans les cimetières de Spitak et les autres villes touchées par le tremblement de terre. Depuis, j’ai fait plusieurs dizaines de voyages aux quatre coins de l’Arménie et de l’Artsakh, dépeignant la vie des Arméniens.
Avec le mouvement du Haut-Karabagh et la première guerre du Karabakh, je me suis rendu sur les fronts à plusieurs reprises entre 1990 et 1993 et passé plusieurs semaines avec les fedayais. Je suis parmi les rares photographes qui s’est rendus au villages de Getashen, et les villages de la province Shahumyan juste avant Opération Ring en 1991.
En Février 1990 Le quotidien « Le Monde » m’a consacré une page entière et a organisé une exposition d’une quarantaine de mes photographies dans ses locaux à Paris.
En 1990 lors de Rencontres Int.’l de la photographie – Arles, J’ai emporté le premier prix de la dotation Photo Service et ses photos feront partie d’une exposition collective à Arles.
En 1992 Le Ministre de la Culture Français, Jack Lang, ainsi que des personnalités du monde photo telle que Christian Caujole (de l’Agence Vu a Paris), Richard Fournet du Centre Photographique d’Ile de France ont fait éloge du mon travail photographique sur l’Arménie…….
En 1997, j’ai passé 1 an en Arménie et y a poursuivi mon travail sur mon portfolio. Je considère mon travail sur l’Arménie et mes expériences dans ce pays comme les plus enrichissantes de ma vie.
Au cours des dernières années, j’ai continué à documenter la vie des Arméniens aussi bien en Arménie que dans d’autres pays du Moyen-Orient ainsi qu’aux USA. Je continue mon travail sur l’Arménie jusqu’aujourd’hui.
J’ai eu plusieurs expositions en France, au Portugal et aux Etats-Unis.
Mon travail de photographie humanitaire se porte principalement sur le Moyen-Orient et les pays de l’ex-Union soviétique. A cote de mon travail approfondie sur l’Arménie que je poursuis jusqu’à aujourd’hui, au cours ma carrière, ma passion pour la photographie humanitaire m’a conduit dans des pays comme la Géorgie, Tadjikistan, Ouzbékistan, Syrie, Liban, Jordanie, Égypte, les Émirats arabes unis, en Grande-Bretagne et dans mon pays natal, Iran.
Mon travail a été publié dans: Los Angeles Times (USA), Washington Post, Newsweek, Le Monde, Peuples du Monde, Libération, L’Express, Révolution (France), Photo Reporter, France- URSS, UN Multimedia, Foto Pratica (Italie), l’Autre Journal, Marie Claire (Italie), Pop Eye (Japon), Asahi Graph (Japon), Asahi Magazine (Japon), AIM (USA), La Vie, Femme Actuelle, France-URSS (France), Famille chrétienne, Photography (Angleterre), Quantara (France), ENA (Grèce), Refugiés (France), Nouvelles d’Arménie Magazine (France), …..
https://plus.wikimonde.com/wiki/Armineh_Johannes
https://arminehjohannes.photodeck.com/-/galleries/photographies-armnie
