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Arles 2024 : Rajesh Vora, Randa Mirza et la Maison des Peintres

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Dans la brise du Mistral et de la lumière qui enchantait Van Gogh, Les Rencontres offrent aussi des lieux fascinants même s’ils sont moins monumentaux que les abbayes et les cloîtres. Ainsi, un coin de charme comme la Maison des Peintres met en valeur les photographies de Rajesh Vora et celles de Randa Mirza.

Des images imaginatives, celles de Vora dans l’exposition Everyday Baroque (2014-2019), mais reflétant une réalité réelle, une étude sociologique intéressante. Les photographies élégiques et dénonciatrices sont celles de Randa Mirza avec Beirutopia.

Idéalement située, juste à l’extérieur des murs de la ville, la Maison des Peintres à l’architecture simple et à la verdure luxuriante, nous fait découvrir le travail du photographe indien Rajesh Vora, sa carrière de trente ans et son vif intérêt pour l’environnement et les habitats en voie de disparition. De nombreuses collaborations avec des architectes et des environnementalistes et un regard critique sur la situation sociale, culturelle et politique en Inde

Dans Everyday Baroque (présenté en 2016 à Photoink, à New Delhi, puis au Canada), Vora documente les « objets sculpturaux » qui ornent les toits de la région du Pendjab en Inde.

Le phénomène est non seulement surprenant et curieux mais aussi très intéressant d’un point de vue culturel et social. Il s’agit en fait de la première vague d’immigrants, les NRI (Indiens non-résidents), qui ont commencé à construire des maisons dans leurs villages à la fin des années 1970. Villages où les maisons ouvrent souvent un mois par an, pour les vacances annuelles passées au village. Et ces villages, avec leurs toits créatifs, sont une sorte d’ode à leur réussite, à leur prospérité durement gagnée. Les maisons elles-mêmes sont un mélange de styles, de genres et de périodes historiques variés. Les sculptures qui y sont représentées sont des icônes et des symboles de fierté personnelle et familiale. Ce sont des sculptures domestiques, racontant une histoire d’émigration et de retour au pays.

Une touche d’humour relie toute l’exposition, que Vora a construite en parcourant quatre districts du Pendjab, avec ces icônes de richesse qui semblent se poursuivre et se chevaucher : super-héros, avions, lions et chevaux, tanks, footballeurs, tracteurs. Un « catalogue du monde » dans lequel les icônes peuvent se répéter comme des sujets, mais se dérouler en déclinaisons infinies.

Même contexte d’exposition pour Beirutopia de Randa Mirza. Lauréate du Photo Folio Review 2023, elle est une artiste visuelle libanaise qui utilise différents médias et langages visuels et performatifs dans son parcours artistique pour mettre en lumière, révéler ce qui semble oublié voire caché. Espace de réflexion, de réparation et de résistance face à la violence, son travail se situe entre documentaire, expression personnelle et écriture artistique.

Par exemple, Randa Mirza dit : « Les pièces de la série Abandoned Rooms (2005) deviennent celles de ma propre mémoire, réelle ou imaginaire. Dans Beyrouthie (2010-2019), utopie et réalité fusionnent en une seule image. Cette série, qui donne son nom à l’exposition, dénonce les politiques de reconstruction d’après-guerre et l’effacement de l’identité urbaine ». Et la série View from Home (2020) (créée par le duo Jeanne et Moreau, avec Lara Tabet), s’inspire des vues stéréoscopiques. La distance spatiale est remplacée par une rupture dans le temps, avant et après l’explosion du 4 août 2020.

 

Rajesh Vora. Everyday Baroque (2014-2019)
1er juillet au 29 septembre 2024
Maison des Peintres
45, boulevard Émile-Combes
13200 Arles
France
https://www.rencontres-arles.com/en/expositions/view/1529/rajesh-vora

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