Les travaux d’un maître des expressions graphiques s’installent légitimement au Musée Réattu pour les Rencontres d’Arles de cette année.
Dans cet écrin à l’ambiance si particulière, en bordure de Rhône, une union sincère s’est manifestée pour exalter les œuvres, diverses, de ce touche à tout d’Alfred Latour. Cet auteur du vingtième siècle s’est toujours personnellement mis en retrait pour mieux valoriser son travail et ses créations, très variées. Curieux des technologies représentatives (gravures, reliures, dessins, aquarelles, peintures, photographies, etc.) anciennes et modernes, cet observateur attentif et discret apparait comme un marqueur incontournable de son époque. Une vie discrète qu’il a tellement bien remplie.
L’exposition est une vraie réussite, avec une coproduction sereine à en croire le résultat. C’est là l’essentiel. Le Musée du Tissu de Lyon (en totale transformation sur plusieurs années), le Musée Réattu d’Arles (en pleine affirmation de son rôle incontournable) et la Fondation Alfred Latour de Lausanne (sanctuaire de la préservation des œuvres à travers le Monde) se sont unis. Les trois directeurs nous présentent, à travers juste quelques œuvres bien choisies qui sont mises en parallèles, le rôle du créateur Alfred Latour. Les échantillons, les photographies et autres documents présentés symbolisent parfaitement, d’une part, la créativité dans les réalisations pratiques et décoratives qui participent d’un environnement de vie. D’autre part, entre deux réalisations pratiques, une création à travers l’émotion d’un dialogue plus éthéré avec des œuvres hors du temps.
Pour revenir à la partie photographique proprement dite qui accompagne les diverses formes d’expressions de ce graphiste. Nous découvrons que cet amateur de la photographie, devenu photographe professionnel, a suivi l’évolution de ce medium comme la plupart de ses confrères à cette époque. Dès que la technologie a offert de la mobilité au matériel, la pellicule sensible est devenue le carnet de notes et d’esquisses. La photographie s’est imposée comme une de ses bases de travail majeure. Croquis, études, brouillons, canevas ne veulent pas dire n’importe quoi, n’importe comment ? La lumière, la composition, l’intérêt reportable sont fixés dans la démarche conceptuelle du résultat pratique final.
Une ou deux photographies sortent d’un processus créatif, d’un cheminement technique, pour nous embarquer ailleurs. Un retour sur une vision antérieure de son parcours. C’est un tout autre message qui passe : une hésitation, une pudeur, un doute. L’image est voulue dans sa technique, dans son concept, pour astreindre un partage. Les photographies d’Alfred Latour se partagent, comme le reste de ses travaux, d’un côté entre les tissus pour Bianchini-Férier ou la publicité pour les vins Nicolas et dans l’autre voie les aquarelles d’Eygualières.
Jusqu’à la fin du mois de septembre 2024, passez par le Musée Réattu respirer le travail attachant d’Aziza Gril-Mariotte, directrice du Musée du Tissu et Daniel Rouvier, directeur du Musée Réattu, avisés commissaires de cette exposition. La scénographie a été conçue par Pierre Starobinski, fin connaisseur de l’artiste et directeur de la Fondation Alfred Latour.
Thierry Maindrault
Musée Réattu
10 rue du Grand Prieuré
13200 Arles
du 27 avril 2024 jusqu’au 06 octobre 2024
du mardi au dimanche de 10h00 à 18h00.
Le catalogue très complet (168 pages) est disponible au musée [€ 29]